(Des débats interviennent régulièrement dans les
parties de Nomic, qui se prolongent sans but bien précis et sont de nature à désorienter
les nouveaux joueurs – débats qui portent sur des contradictions apparentes
entre deux règles, sujet en somme banal, celui de la portée juridique
respective de deux dispositions, qui recouvre en fait un autre débat, celui de
la légitimité de considérer des règles individuellement et non comme parties
d'un ensemble juridique.
L'ntérêt de ces débats tient
essentiellement en la manière dont se
déroulent les controverses, et les lacunes dont elles semblent témoigner en
matière de cohérence du raisonnement.
On peut se demander en particulier si
l'imprégnation du système juridique hérité du droit civil, fait que le Nomic,
dans ses règles initiales, hérité du droit coutumier ou de la "justice
naturelle" (opposition entre civil law et common law, cette dernière
accordant beaucoup plus de poids que la première aux décisions du juge et à la jurisprudence), ne constitue pas un
obstacle majeur, voire dirimant, pour que l'on puisse le pratiquer sereinement
dans un espace francophone.
Je ne le crois pas - et il suffirait que
soient aceptées par les participants un certain nombre de règles de bon sens
pour que les parties se déroulent sans anicroches majeurs, et que les
différends se règlent de manière organisée.
Aucune partie de Nomic ne se déroule hors
contexte, et de nombreuses règles prennent le pas sur celles écrites à l'ocasion
de la partie - la plus importante étant sans doute celle de l'utilisation d'une
langue commune, qui ne peut être dissociée de son environnement culturel et
social.
A partir du moment où le fait de jouer
ensemble suppose que soient acceptées d'autres règles de portée supérieure à
celles propres à la partie, même si ces règles immanentes ne sont pas rappelées
à tout instant (comment
pourraient-elles l'être, si nombreuses qu'elles sont !), la question qui se
pose est celle de minimiser les risques de blocage social, comme le fait toute
communauté fondée sur l'état de droit - et d'accepter donc de se référer en
jouant à un certain nombre de principes fondamentaux dont la liste n'est pas si
longue.
Ceci est particulièrement important pour les
parties dite "Nomic Pur", ou sui generis, qui démarrent avec
l'adoption d'une seule règle, et pas d'un ensemble formant embryon de système
juridique.
JVG )
Comme toute construction basée sur des règles, donc des
données susceptibles d'interprétation, une partie de Nomic donne lieu à des contestations.
Celles-ci peuvent prendre une telle ampleur que la
poursuite du jeu s'en trouve fortement entravée. D'où l'importance de prévoir
une procédure qui permette de régler ces différends – et d'abord, évidemment,
d'identifier ce qui forme un différend.
C'est donc un système de justice interne qu'il faut
construire – ou dont l'absence aura des conséquences qu'il faut garder
présentes à l'esprit.
Il n'y a pas de justice parfaite - simplement des trucs
pour éviter le plus possible l'iniquité, et confiner l'erreur dans des limites
socialement acceptables.
Peut y aider la connaissance et la reconnaissance de
certains principes dits généraux du droit, parmi lesquels on peut citer :
1- la hiérarchie des règles
2- le respect des règles en vigueur
3- l'existence d'une procédure de résolution des conflits
4- la force de la chose jugée
5- le droit de se défendre
6- la présomption d'innocence
7- la possibilité de faire appel
8- la publicité des jugements
9- la proportionalité des peines
10- le caractère rédempteur de la peine et la forclusion
11- l'accès à l'information des parties
12. la sanction des abus
et d'autres, comme ceux retenus en
France par le Conseil d'Etat :
-
13. principe d'égalité,
-
14. principe de
non-rétroactivité des actes administratifs
-
15. principe de continuité des
services publics,
-
16. principe des droits de la
défense,
-
17. la possibilité de former un
recours contentieux contre les actes de l'administration,
-
18. l'intangibilité des droits
acquis.
Certains de ces principes sont reconnus dans les règles
originales du Nomic http://membres.lycos.fr/jcbrenier/nomic/regles1.htm
, par exemple :
1 par 110 et 211
2 par 101 mais sans sanction prévue
3 à 8 , 16 et 17 par 212
11 par 210 (qui ne s'applique pas au jeu électronique)
13 par 207
14 par 107
15 par 115.
D'autres ne le sont pas du tout (9, 10, 12, 18).
La lacune essentielles des dispositifs initiaux tient
probablement à l'absence de conséquence de la violaiion des règles, et aux difficultés
à mettre en oeuvre le dispositif d'appréciation des procédures abusives.
A l'initiative de Socrate, alt.fr.nomic vient d'adopter
pour la partie en cours une approche semi-collégiale avec procédure d'appel et
sanctions qui me semble intéressante. news:3F36156E.4000607@alussinan.org
ET PLUS BAS
D'autres options sont évidement possibles sans tomber
nécesairement dans les travers d'une approche autoritaire ou autocratique, qui pourrait
susciter plus de tensions qu'elle n'en apaiserait, ou un laxisme qui, sous
couvert d'ouverture d'esprit, laisserait trop de portes ouvertes pour
l'attisement des conflits.
JVG, 7.9.2003
333. Gestion des infractions :
1. Tout joueur peut accuser un autre joueur d'une
infraction par un post balisé [Flic]
2. La balise [Flic] invoque systématiquement le Grand
Modérateur(GM), qui a trois possibilités :
a. récuser l'accusation. Le joueur accusateur écope alors
d'un gage pour accusation abusive, et perd deux points.
b. demander des explications au joueur accusé. Dans sa
réponse, le joueur accusé peut invoquer d'autres joueurs pour éclaircir une situation. Ceux-ci agissent alors en qualité de
témoins.
c. infliger un gage au joueur accusé, s'il juge
l'infraction caractérisée. Le joueur accusé reconnu coupable d'infraction par
le GM perd deux points.
3. Procédure du jugement collectif : Le joueur en
infraction et le GM (mais pas le joueur accusateur) peuvent, s'ils le
souhaitent, faire appel à un vote majoritaire des autres joueurs sur la
culpabilité de l'accusé, qui vaut comme
jugement définitif et sans appel. L'invocation de cette procédure du jugement
collectif multiplie par deux les pénalités de points prévues par la règle de
gestion des infractions, pour l'accusé comme pour l'accusateur. Le gage pour
perdre son appel en jugement collectif est fixé conjointement par le GM et le
Scribe.
4. Au cas où le GM est mis en accusation, le Scribe prend
le rôle de GM pour la durée de cette procédure. Au cas où le Scribe est
également impliqué (accusateur ou accusé), les deux joueurs (ni GM ni Scribe)
ayant ouvert les deux fils précédant la balise [Flic] prennent les fonctions de
GM et de Scribe pour la durée de cette procédure.
5. Toute erreur de procédure concernant la gestion d'une
infraction annule définitivement l'accusation. Le fautif de l'erreur perd deux points
et reçoit un gage du GM. S'il s'agit du
GM, le Scribe attribue le gage.