SAPÈQUE, MACE, CANDARIN, TAËL

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Didier Maistre sur fllc :

Bonjour,

Je viens d'acquérir ces deux "vieux papiers" chinois 

(ci dessous et sur

http://didier.maistre.free.fr/fllc/license2.jpg

Le vendeur (chinois, parlant mal l'anglais) n'a pas pu me donner d'autres
précisions que :
"1892 : licence  2 Mace and 3.6 Candareens
1902 : licence 8 Mace and 3 Candareens silver coins"

1 ) Je fais appel à votre science.
Arrivez-vous à décrypter ce qui est inscrit, et m'aider à comprendre ce que
sont ces papiers (des factures ? des sortes de mandats ? etc ..)

2 ) Les Maces et les Candarins étaient des unités monétaires sous la fin de
l'Empire Qing; 

si vous avez des connaissances sur l'histoire de ces monnaies
et les valeurs de conversion, 

je suis aussi preneur d'informations.


JVG:

M'auront donné du mal, vos candarins.

En définitive, c'est grâce au
québécois Copernic http://www.copernic.com/fr

que je m'en suis dépêtré.

Quatre références parmi bien des possibles:


http://bordilles.free.fr/UdeC/UC.htm

que nous avions déjà mis à contribution
à propos des sapèques;

http://larsbo.homepage.dk/weights.html en anglais

pour essayer d'anticiper sur les questions à venir

- l'onomastique numéraire chinoise semble
particulièrement variée;


 http://ykleungt.tripod.com/hingchiu.htm aussi en anglais

sur les paysans chinois en révolte qui battaient monnaie;


http://homepage1.nifty.com/jshoda/essays/perry_excnange.htm ,

en anglais et en japonais,

sur la manière dont, 

au milieu du dix-neuvième siècle, 

les américains avaient le sentiment de se faire blouser 

sur les taux de change.

Il y a une différence d'environ 40% entre la valeur des unités de compte et leur équivalent métal, à l'époque des taëls et autres maces.


On distinguait parmi les unités de compte

(fen, centime),

(jiao, décime -
on dit aujourd'hui aussi
, mao),

(yuan, dollar) et

parmi les unités de poids (étalon argent)

le même alors candarin,

dont l'équivalent monétaire représentait 72% de la valeur,

/qian ou mace, dix candarins,

et , liang ou taël (veut aussi dire deux)

équivalent à 4/3 d'une once d'argent
c'est-à-dire 37,8 grammes.

Le sapèque (cash, li ) c'était alors un millime.

est aussi unité de longueur (1/3 de millimètre)

et de surface (2/3 de mètre carré),

exprime les taux d'intérêt

- 1 par mois c'est 0.1%,

1 par an, 1%, pas facile pour s'y retrouver.

Seul, veut dire fraction, quantité minimale:

分厘不差, en li bu cha, centime - millime - pas - assez,

sans la moindre erreur.

Sinon,
照執 / zhaozhi

(NDC. On revient aux "vieux papiers" de Didier Maistre; 

noter la simplification un peu surprenante de ,

clef signifiant plus ou moins acide, amer

 en forme de la main en composition

- ne pas confondre avec -

alors que, étymologiquement

(http://zhongwen.com/d/176/d245.gif )

c'est la partie droite du caractère
qui faisait référence à l'utilisation de la main),

照執 donc, permis-reçu,
semble bien être un récépissé de licence.

Conscience de ne guère avoir aidé, mais je ne me suis pas ennuyé ...

Les sapèques, parlons en:

Iulius, auparavant:

J'ai un nom de monnaie qui m'intrigue : la « sapèque ».

 Elle fut dite être la monnaie de la Chine dans cette émission du samedi

où l'on voit des gens tenter de gagner des millions.

Sur le _Larousse_, c'est une monnaie d'Extrême-Orient ;

 sur le _Littré_, une monnaie chinoise.

Cette monnaie était-elle donc commune à plusieurs pays, ou propre à la Chine ?

JVG encore:

Sapèque masculine

affichée sur http://site.voila.fr/fllcjvg/emprunts.htm

Date des Royaumes combattants (5ème siècle avant) 

où selon 

http://belokanweb.free.fr/wezb/antiquite/roycombattants.htm

"Pour soutenir l'effort de guerre,

les souverains favorisent l'essor du commerce 

en encourageant la libre circulation

des marchandises dans des royaumes 

au territoire désormais très étendu.

La preuve en est que les monnaies 

circulent très loin de leur lieu d'émission, indiqué sur les pièces.

Toutes sont en bronze, mais leur forme diffère selon les royaumes :

couteau, bêche ou sapèque ronde, percée d'un trou carré.

A la fin de la période, la sapèque s'est imposée ;

les pièces sont enfilées sur une cordelette 

et la "ligature" devient une unité de compte."

Circulation exclusive pour les sapèques 

décidée au troisième siècle avant

par Shi Huangdi, premier empereur des Qin.

Les trous dans les monnaies occidentales

- parmi celles que je fréquentais, 

il y en avait en France et en Espagne -

n'étaient pas, je crois, destinés à l'enfilade, 

mais représentaient une sorte de dévaluation

- la valeur de la monnaie tenait à son poids de métal,

et les batteurs en enlevaient un morceau 

quand les caisses se vidaient.

Quelque chose à voir avec Philippe le Bel ? 

Sais plus ...

mais les Chinois n'ont pas échappé aux assignats.

Je crois me souvenir que 

le Roi des Singes

Sun Wu Kong 

孙悟空

avait un collier de sapèques.

"Quinze colliers de sapèque", 

pièce apparemment connue du répertoire chinois classique.

La sapèque, puisque la il semble y avoir, a essaimé chez les voisins,

pour ne disparaître qu'au XXème siècle.

Avait entre-temps perdu la ligature mais pas le trou

- c'est du moins ce que racontent  les sites numismatiques.

Voir aussi http://www.china.org.cn/french/4579.htm 

pour la calligraphie sur pièces de monnaie.

Sapèque et chauve-souris

"Bonheur vient devant les yeux",

voir http://www.chinatoday.com.cn/lachine/f2k203/14.htm,

fu2 bonheur

fu2 chauve souris 

yan3 yeux.

Pas trouvé l'expression exacte, ni ce qu'elle peut bien signifier.

Pour une approche étymologique, voir plus bas et http://www.bibliomania.com/2/3/260/1286/20210/1/frameset.html

- référence à du chinois qui pourrait être

百块 () bai kuai, cent-pièces.

Collier, lien, c'est souvent () dai.

Ceci étant, si en cantonais

(le cantonais était la langue par laquelle 

se transmettait la culture chinoise 

au moins pour la voie maritime)

se prononce apparemment baak3, c'est faait3 et daai3.

Pas beaucoup de sapèques à en tirer.

线 (, belle simplification) qui signifie fil, enfilade, 

et se prononce xian4 en mandarin,

mais sin3 en cantonais pourrait peut-être aider 

(sin3baak3, un fil de cent), mais je fibule encore ... 

puisque nous savons qu'il faut employer

 http://bordilles.free.fr/UdeC/UC.htm 

parle en effet de sapèque en ces termes:

"C'est l'unité la plus commune

illustrée traditionnellement 

par une pièce en cuivre ou en bronze percée d'un trou carré 

en son milieu.

Elle sert aux transactions les plus courantes 

et a été imitée à travers toute l'Asie.

La sapèque est si emblématique de la monnaie en Chine

que le caractère qian  en est devenu à désigner

ce que nous Français, 

par un glissement sémantique de même nature, 

appelons  «l'argent».

Pour en faciliter le transport, 

les sapèques sont réunies en ligature de cent ou de mille ;

dans ce dernier cas la ligature porte le nom de diao (

et est l'équivalent d'un tael.

Le chiffre de mille sapèques par ligature est théorique

car elle peut le plus souvent en contenir moins 

pour tenir compte des usages locaux

et/ou des commissions prélevés par les changeurs.

L'expression française «sapèque» 

viendrait du malais «sapaku» signifiant

- étrangement par rapport à l'interprétation que nous en avons donnée 

une ligature de mille pièces,

tandis que l'anglaise «cash» viendrait du sanscrit «karsha»

(sur ces aspects étymologiques 

on consultera le dictionnaire anglo-indien Hobson-Jobson).

La transcription qian s'écrivait auparavant ts'ien à la française 

et ch'ien à l'anglaise

(l'apostrophe étant parfois «élidé» par simplification)."

Question du compilateur: 

Le taël n'est-il pas un mot d'origine chinoise par le malais ?

A noter que dans ce cas la fille de Necker

aurait pu jouer aussi bien 

la Comtesse de Hong Kong que

l'Opéra de Quat'sous 

- mais je m'égare.

銅貨, tong huo, pièce de bronze.

 通宝 tong bao, circulation précieuse.

http://www.history.ucsb.edu/faculty/roberts/coins/index.html

En anglais et chinois, sur la sapèque:

http://ykleungt.tripod.com/hingchiu.htm

Equivalent fourni de sapèque

货币单位 huobi danwei, unité de mesure monétaire.

Ce que disait Victor Segalen http://victor.segalen.free.fr/equ28.htm

à propos d'un sceau Celui ci est en fait vietnamien ... de la dynastie Han:

"Deux bêtes opposées, museau à museau,

mais se disputant une pièce de monnaie d'un règne illisible.

La bête de gauche est un dragon frémissant,

non pas contourné en spires chinoises décadentes,

mais vibrant dans ses ailes courtes et toutes ses écailles jusqu'aux griffes :

c'est l'Imaginaire dans son style discret.

La bête de droite est un long tigre souple et cambré, musclé et tendu,

bien membré dans sa sexualité puissante :

le Réel, toujours sûr de lui.

Ceci est exact autant qu'un symbole peut l'être.

Un symbole emprunté comme il convient à la Chine antique,

— pays où se déroulaient l'expérience et le débat. 

Quoi de plus juste ? —

Ce symbole n'a peut-être rien de commun 

avec ce qu'il prétendait signifier.

C'est le sort de bien des symboles...

Maintenant, chacun peut choisir et retomber dans sa bête familière,

soit le monstre, soit le quadrupède sexué.

L'homme est absent de ceci, et toute la sentimentalité humaine.

Le dieu ? négligé, depuis longtemps. 

Reste l'objet que les deux bêtes se disputent.

— C'est un cercle... qu'encastre un carré.

Quadrature ?

Un anneau, un serpent symbolique, un symbole géométrique, le Retour éternel ?

L'équivalence de tout, l’Impossible, l'Absolu ? Tout est permis...

Je crois plutôt à la figuration d'une simple monnaie, 

la sapèque chinoise, ronde, percée d'un trou carré...

Mais ceci est l'interprétation historique grossière...

L'objet que ces deux bêtes se disputent, — l'être en un mot — reste fièrement inconnu. "

 

N'OUBLIONS PAS CEPENDANT  ...

L'ARGENT N'EST PAS CENSÉ FAIRE LE BONHEUR

maj 23.9.02, JVG