où Firmin
Torticolis 斜颈,
Xié Jîng
s’était interrogé
:
>
> > (...) j'avais une question à
poser à la docte assemblée :
> > > qu'est-ce que c'est qu'une "langue
monosyllabique et
tonale" ?
Jean
Bourgeois
自由民, Zí Yóu Mín, se
montra calé :
>
> Pour autant que je sache et sous
réserve de me tromper,
une langue
> > monosyllabique est une langue ou chaque syllabe, si
elle n'est pas
> > associée en elle-même
à un mot complet, a sa signification propre.
> > En chinois, on dirait 'clef'.
[NDC: Voir PLUS BAS sur la prévalence des langues tonales]
Catégories traditionnelles |
Yin |
Yang |
Shang |
Qu |
Ton,
numéro: |
1 |
2 |
3 |
4 |
Cheminement: |
/55/ |
/35/ |
/213/
|
/51/ |
D'autres
sinisants (et les dictionnaires) moins soucieux de formants
classent les
tons dans l'ordre:
1 linéaire, 2 montant, 3
bi-tonique, 4 descendant,
5 neutre ou bref (parfois noté, en forums Usenet, par 0 -
zéro)
(et leur /dénomination/ peut différer de
celle-ci).
Le vietnamien a en principe
cinq
tons.
Le cantonais, cousin [éloigné] du
mandarin et proche du vietnamien,
a
neuf
tons (réductibles à six).
Dans 'fllc', ne
disposant pas du haček \/,
[NDC. Signe diacritique notamment tchèque, que j'aime à nommer "accent hirondelle", le haček transforme "s" en "she" et "c" en "tch", mais surtout, pour la transcription phonétique du chinois, donne une bonne approximation visuelle du troisième ton, descendant-montant]
nous
nous /permettons/ de représenter le 3ème ton par
un accent circonflexe (â, ô, etc.), alors que la
prononciation "descend" puis "monte", comme dans le « ah !
ah ! » exprimant en français la surprise.
Pour le
2ème ton, avec un PC :
á í ó
ú sont obtenus par <Alt> + 160, 161,
162, 163
(c'est plus simple avec un Macintosh).
Pour le
4ème ton :
(à et ù figurant sur le clavier
français),
ì ò . . sont obtenus par <Alt> +
141, 149
On
utilise aussi parfois la notation par numéros, mai3 /
mai4.
Néanmoins, les
tons ne sont marqués que dans les manuels de chinois (et non
en
Chine même, lorsque le pinyin est utilisé).
{Incidente: Les tons dans l'écriture
S'il
est "pédagogiquement correct", au
début de l'apprentissage du chinois, d'insister sur les
tons (et l'on peut alors exciper des exemples tels que
mâi, acheter / mài, vendre [= faire acheter]),
une certaine pratique du chinois (en Chine) rend cette question de tons
moins
importante qu'il n'y paraît.
Ce qui
a été dit sur les clés (ou
« radicaux ») n'est pas faux
-- je ne
pense
cependant pas qu'un même caractère, ou «
sinogramme », puisse avoir
plusieurs
clés, à condition bien sûr de se
référer au même dictionnaire.
La clé n'a pas nécessairement une valeur sémantique (il me semble qu'elle peut avoir une valeur phonétique, mais j'arrive là à la limite de mes connaissances -- ou plus exactement de mon ardeur à écrire --,
et laisse la parole à d'autres participants...)
NDC.
Voir par exemple
clefs.htm
Gbog,
soucieux d’approfondir :
Merci de ces précisions à propos de langues monosyllabiques et tonales.
J'en
extrais quelques lignes que je ne comprends pas suffisamment :
>
On
ne pourrait, en revanche, dire que chaque « mot »
chinois soit
monosyllabique. Nombre
d'entre eux sont en fait dissyllabiques (ce qui est cependant exact
"à
99%", c'est que « un sinogramme » = « une
syllabe »
(prononcée)).
Est-ce à dire que les mots chinois sont
presque toujours
composés de
deux caractères (ou sinogrammes, si j'ai bien compris)
?
Un sinogramme isolé n'est donc pas un « mot » ? Il n'a pas de sens propre ?
Que
contient alors un dictionnaire chinois ?
Laurent
Un "sinogramme" est, en effet, un
caractère ; ce mot permet
d'éviter
le terme
d'idéogramme, qui n'est pas exact (mais que 'fllc' admet,
bien entendu).
Pour
le japonais, on utilise le terme "kanji".
Isolé, le
sinogramme peut -- ou non -- avoir un sens propre.
Ouvrons un
dictionnaire chinois
utilisant l'ordre alphabétique pinyin,
à
l'entrée « diàn
» (dian 4e ton, prononcé 'tianne' avec un "t"
adouci),
电(simplifié)
電
(traditionnel)
diàn
: électricité
diànbàng : lampe de poche
diànbào : télégramme
diànbiâo : compteur
d'électricité (ou : compteur
électrique)
diànbingxiang :
réfrigérateur [les deux
dernières syllabes = 1er ton]
diànbo1 : onde électrique
... etc.
diànhuàxué : électrochimie
[3 syllabes = 3 sinogrammes, comme "diànbingxiang"]
diànhuà :
téléphone (ce n'est pas le
même "huà",
celui-ci signifie : parole)
... etc.
diànyîng : cinéma, film
... etc., jusqu'à :
diànzî : électron
diànzû : résistance [en
électricité]
diànzuàn : perceuse électrique
Il existe
cependant des caractères que l'on ne saurait
utiliser isolément
(je
n'ai pas d'exemple à l'instant, et je pense qu'ils sont
minoritaires, sans
pouvoir dire dans quelle proportion).
NDC. Ils doivent en effet être fort
rares. On peut penser à la marque du pluriel,们, men, ou
à la particule finale de什么, shenme, quoi, 么 n’ayant
pas même droit à
« son » entrée
dans les dictionnaires.
Une
syllabe (/ton compris/) est, parfois,
représentée par de nombreux
caractères distincts (grande homonymie de la langue
chinoise,
cf.
l'excellent exposé figurant
ici
.
(Pour les
prononciations, des
sites sont mentionnés
là )
Maracujà de renchérir, depuis son marigot:
De
même, je me souviens qu'en tibétain les mots pour
désigner
sucré et
salé (que j'ai oubliés) ne se distinguaient que
par l'accent que l'on
plaçait sur leur unique syllabe. Mon ami, Monsieur Wang Chu
La,
m'assurait en plaisantant que c'était la raison pour
laquelle les
Tibétains boivent par erreur leur thé
salé.
Nota bene de Zora
:
"Disons qu'il peut y avoir confusion entre plusieurs mots qui
se prononcent pareil, alors, si l'interlocuteur ne comprend pas,
l'autre
"signe sur sa main".
[NDC : C’est-à-dire qu’il trace les traits de l’index sur la paume de la main gauche. Très impressionnant …]
Sinon, le cantonais et le mandarin s'écrivent pareil, mais se prononcent différemment. En plus, il y a plus davantage de tons en cantonais,
donc
c'est super mélodique :-)
"
Quand j'apprenais le vietnamien, il n'y avait que 6 tons :
sac, hoi, nga, huyen, nang, plus le ton sans accent.
Les 9 tons,
c'etait pour le cantonais,
considéré à l'époque comme
un peu le latin du vietnamien
littéraire (avec, nous expliquait-on, des
déformations dues a une
forme de résistance a la colonisation.....Mais les
recherches d'origine
des noms passaient par l'étude des caractères
chinois correspondants).
Comme on dit qu'une étude
approfondie du français
demande l'étude du latin,
on nous disait qu'une bonne étude du vietnamien passait par
celle du chinois, là bas
le cantonais."
Laurent redonne le ton :
Le cantonais en a neuf.
Selon toujours Dylan W.H. Sung et avec les mêmes conventions
(1
le plus grave, 5 le plus aigu)
Catégories traditionnelles |
Yin |
Yang |
Yin |
Yang |
Yin |
Yang |
Yin |
Zhong |
Yang |
Ton,
numéro: |
1 |
2 |
3 |
4 |
5 |
6 |
7 |
8 |
9 |
Cheminement: |
/53/ |
/35/ |
/33/ |
/21/ |
/23/ |
/22/ |
/5/ |
/33/ |
/22/ |
Marjorie
K.M. Chan précise cependant que: « Le cantonais
est traditionnellement décrit comme ayant neuf tons, dans la
mesure où ceux
portant sur les syllabes accentuées – celles se
terminant par -p, -t, or –k
– sont comptés séparément.
Il n’y a donc en fait que six tons
discriminants. Trois d’entre eux sont analysés
comme linéaires, deux comme
montant, et un comme descendant. »
Laurent,
continuant :
Voici
quelques pages brèves mais intéressantes,
permettant d'entendre les tons
du chinois /mandarin/ :
http://www.sinoptic.ch/trans_cadres.htm
(sans avoir à utiliser de
logiciel "de son" tel que RealAudio).
Firmin
Torticolis :
Je crois donc comprendre que quelqu'un qui parle une langue
"tonale",
pour
se faire comprendre, doit faire varier la hauteur de sa voix,
produisant ce
que notre oreille d'Européen identifie comme une
mélodie. Ces variations
sont imposées par le sens de son propos. Par
conséquent, est-il envisageable
de chanter une langue tonale en superposant aux variations de hauteurs
des
mots les variations de hauteurs d'une phrase musicale ? Ou alors le
passage
de la parole au chant va-t-elle devoir se fonder sur d'autres
phénomènes, le
rythme, le timbre, la force ?
Encore des questions, toujours des questions..."
Ah ! la grande question... « Ne
trouvera pas sa réponse en un jour »,
déjà
il
faudrait que nous ayons, que nous développions, une
idée plus précise des
"modes" (un peu l'équivalent des modes mineur ou majeur...),
qui sont
différents entre le Vietnam et les diverses traditions
musicales chinoises.
Marjorie Chan nous aide encore :
«
Dans les chansons modernes en chinois
mandarin, c'est la mélodie qui domine,
de sorte que les tons semblent complètement
ignorés. Il n'en est pas de même
pour les chansons en cantonais...
»
Il existe une minorité dans le sud de la Chine,
les
Dong,
dont la langue a un grand nombre de tons (plus de 12... j'ai
oublié combien),
on l'appelle en Chine « le peuple chanteur », un
Européen a passé quelques années parmi
eux et a entrepris la publication du premier dictionnaire
mandarin<-->dong...
D'après
cette fois Lily
Chen-Hafteck :
« Dans les langues
à tons, le chant est souvent plus
"délié"
rythmiquement.
« Les enfants dont la langue maternelle est tonale ont un
registre
« plus étendu que les autres, et peuvent
produire des intervalles
« plus grands».
La voix n'est-elle pas le tout
premier instrument de musique ?
Les langues tonales et la musique... vaste sujet !
Je me demande si "nos"
très sérieux linguistes de
news:sci.lang
n'ont pas
des
idées sur la question...
Déjà,
'sci.lang' m'avait appris qu'il existait
des langues
tonales hors d'Asie:
« On
considère le batá comme un tambour
qui parle,
» car la langue nigériane est une langue tonale.
Le tambour imite
» une suite de sons comme " mo bu due " pour dire " merci
".
» On peut copier, reproduire cette séquence
à l'aide du tambour :
» " kon ki ki ", avec des sonorités sourdes ou
ouvertes et toute
» une variété de hauteurs de tons
obtenue à partir de l'instrument. »
[Ajout
DC: Roger (Fixy)
s'est
initié à Cuba et possède maintenant un
jeu de trois tambours "fundamento",
des tambours sacrés. Il passe pour un "olubata", un
initié selon la
langue yoruba, l'ethnie transplantée du Nigéria
et du Bénin à Cuba.
"Aira Kere" son tambour bata a été
crée en 1954. C'est un
descendant direct de la "Bomba atomica", tambour mythique. Ces
tambours arrivent à Cuba au milieu du 19e siècle
qui voit un fort afflux
d'esclaves provenant du royaume Yoruba d'Oyo."]
Firmin Torticolis, pour dresser le
bilan :
les lanques tonales sont-elles répandues ?
UN ÉCHANGE PARALLÈLE SUR LES LANGUES TONALES S'EST DÉROULÉ SUR FLLC AUX PÂQUES 2001 ENTRE RICHARD BUDELBERGER ET SIVA NATARAJA.
EXTRAITS:
Richard:
Je
crois avoir lu que les langues tonales formaient la majorité
des langues du
monde, mais (je manque d'ordre) ne retrouve pas. Je me contenterai donc
de cette
affirmation : « plus du quart des langues du monde sont des
langues à tons ».
Ce que nous mettons
derrière le « ton », c'est une hauteur
de la syllabe, qui distingue des sens. C'est différent de
l'intonation, même
si c'est très important pour une langue comme l'anglais.
On trouve de tout, comme
langues tonales : des langues
indo-européennes (eh ! oui) (suédois, pendjabi),
africaines (yoruba, bulu,
zulu ; à croire que les langues africaines non tonales sont
l'exception),
asiatiques, évidemment. Amérindiennes ? je ne
sais pas, je n'ai rien en tête
: à chercher.
D'autres langues, comme le
serbocroate et le lithuanien, se
voient qualifiées parfois de langues tonales, mais je crois
que c'est abusif.
Ça me paraît du même domaine que le grec
ancien - mélodiques, certes, mais
pas franchement de sens différent des mots, selon les tons :
° suédois :
anden
: ton I,
canard
ton II, esprit
° pendjabi (Inde, Pakistan) :
sa : ton haut,
souffle ton bas : lapin
° yoruba (Nigéria) :
fo
: ton haut,
goûter
ton bas, laver
Pour nous, du moins
pour moi,
ça paraît « impalpable »,
ces tons.
Est-ce stable, dans le temps ? « La littérature
chinoise mentionne l'existence
des tons dès le VIe siècle. » Ce serait
intéressant de savoir comment ils
sont conservés, ou comment ils ont
évolué. Mais la reconstruction est-elle
possible ?..
Siva 月影:
Il
s'avère que le lithuanien et le
serbo-croate sont bien des langues tonales.
Ou du moins étaient, pour le lithuanien : les tons ont été remplacés par un accent tonique ; il y avait deux intonations :
montante, ou « douce », notée dans l'écriture par un accent circonflexe,
et descendante, ou « rude », notée par un accent aigu ou un accent grave.
Le
détail
du mécanisme est assez compliqué. On peut
ajouter, parmi les langues
balto-slaves, le slovène qui a conservé ses tons
(je possède un
enregistrement datant de 1999 qui en atteste), et le lette, qui lui les
a
perdus. Le serbo-croate, me semble-t-il, les a perdu lui aussi, bien
que
certains linguistes affirment le contraire. Mes enregistrements ne sont
cependant pas très concluants. Plus près de notre
culture, le latin et le
grecs étaient intonés.
Il faut en fait distinguer les langues à registres
(comme beaucoup de langues
africaines, le latin [la syllabe accentuée était
prononcée, d'après certains
textes, une quinte plus haut que les autres, bien que dans le latin
« vulgaire
» un accent tonique présent sur la
première syllabe ait commencé très
rapidement à remplacer ce ton, accent tonique qui ensuite
s'est transféré
ailleurs], voire le sanskrit [les récitations actuelles des
Veda, dont je possède
des enregistrements, l'attestent]), dans lesquelles la seule hauteur
relative
importe des langues à modulations, dans lesquelles le
contour est pertinent
(c'est le cas des langues asiatiques du grec ancien [modulation
montante, accent
aigu, qui décrit graphiquement la modulation vocale, et
montante puis
descendante, accent circonflexe, qui n'est que la réunion
d'un aigu puis d'un
grave, un montée puis une descente], du lithuanien, du
serbo-croate et du slovène).
Les
langues
à tons sont vraiment les plus répandues dans le
monde (N.B. : pour le Nouveau
Monde, le mixtèque, le mazatèque et l'otomi sont
des langues à tons). Mais
une loi existe qui dit qu'une langue tonale ne peut le rester longtemps
si elle
se trouve isolée au milieu de langues à accent
tonique. C'est ce qui explique
leur disparition en Europe (sorti de ces quelques cas balto-slaves et
du suédois,
il n'en reste plus beaucoup).
Dans la grande majorité des cas, ce sont les
consonnes qui influent sur les
tons (ainsi, en cantonnais, une syllabe fermée par une
occlusive [toujours
implosive, comme en anglais à la pause], ne peut recevoir
qu'une intonation brève).
C'est ce qui explique que l'on puisse reconstituer le
système consonantique du
mandarin archaïque.
L'on sait par exemple que tel ton ne peut être présent dans tel mot chinois que si la dernière consonne du mot (consonne qui par la suite s'est amuïe, mais pas en cantonnais, ce qui est très utile pour la reconstruction) était un -p ou un -t etc. L'on peut donc affirmer que le mandarin ancien possédait des consonnes finales, dire lesquelles, et même s'apercevoir que grand nombre des caractères étaient dissyllabiques.
Dans _Les langues du monde_, de Cohen et Meillet
(NDC. Référence trouvée par la bibliothèque de l'Université McGill à Montréal: Editions Champion, 1952.
le passage
sur le mandarin est très éclairant : chaque
état de la langue chinoise est
indiqué, et l'on a affaire à des mots
très dépaysants.
L'on peut même affirmer (et la théorie
glottaliste s'appuie sur cela) que
l'indo-européen était une langue tonale. C'est ce
qui explique par exemple que
l'on ne peut avoir dans une même racine une consonne sourde
simple et une
sonore aspirée, la sourde induisant un ton haut et
l'aspirée un ton bas. Ces mêmes
consonnes sont à l'origine de l'intonation lithuanienne :
ainsi, une voyelle
longue reçoit le rude si elle est suivie d'une sonore (ou
glottalisée), ou
d'une ancienne laryngale. L'on peut ainsi opposer certains cas de la
flexion
nominale
ou certains homophones au moyen de l'intonation. C'est la
même chose en grec
ancien.
les tons sont-ils représentés dans la langue Écrite ?
{Autre dialogue polyphonique fllc - fral}
Je ne pense
pas en fait qu'il existe de langues tonales à forte
tradition écrite.
Le problème dans ce cas est de pouvoir transcrire
à l'oral les subtilités du
vocabulaire par des prononciations différentes, ce qui est
différent de
l'intonation.
Le
problème me semble inverse dans les langues à
forte
tradition orale, où l'on retrouve des mots
différents pour le même signifié,
selon la situation.
Comme le fil vient de fllc, je serais curieux de savoir ce
qu'il peut en être
pour les langues telles que le chinois, où
l'écrit et l'oral sont fortement
dissociés
Béotiennement vôtre ...
Gbog,
surpris:
Vous dites ne pas penser qu'il existe "de langues tonales à forte tradition écrite". Mais que faites-vous, précisément, du chinois ?
Lao
Li
老李 Laurent, explicite :
Il existe en fait (sauf depuis le début du 20ème siècle) deux langues chinoises, chinois mandarin s'entend.
Dans ce sens, le chinois n'a pas de
« tradition »
orale très ancienne.
Le chinois écrit était
quelque chose du genre
A nr, E bc,
I re, U vt, O bu : W
dire futur naître latent, etc.
(toutes mes excuses à Rimbaud),
et c'est seulement si vous étiez très lettré que vous arriviez à comprendre.
Je ne saurais, dans un simple article tout expliquer (ni d'ailleurs la relation à la tonalité), je n'affirme donc pas que c'était im-prononçable, puisqu'il y avait des poèmes... Mais ce n'était pas vraiment prévu pour être dit.
Tout
cela est bien mieux expliqué dans le "Dictionnaire de la
civilisation
chinoise", E.U. / Albin Michel, ISBN 2-226-10092-X, 170 FRF, qui
n'évoque
pas uniquement la langue chinoise ou dans le 'Que sais-je'
d'André Lévy sur
"La littérature chinoise", 220 FF seulement en tout et pas
un
sinogramme.
À
côté de cette langue écrite,
on utilisait la langue parlée,
que la Révolution de 1911 a fait monter en grade,
1.
en décidant
qu'on l'écrirait ;
2. avec les sinogrammes,
jusque-là réservés (ou pratiquement réservés) à la langue écrite;
3. en décidant que ce serait la langue nationale (parlée).
JVG, élargissant:
Pour reprendre où Laurent nous a laissés, il faut admettre que le chinois,
ça s'écrit pas comme que ça s'cause.
Il n'y a pas d'alphabet, et hélas
pour l'allophone relativement peu de caractères pour
lesquels la prononciation
est a priori évidente (clef de sens associée
à une partie phonétique).
Les
exemples pour lesquels la prononciation
fait partie du caractère écrit
(cas relativement bien
connu de "ma", où le pictogramme du cheval -
troisième ton - est utilisé pour
écrire "maman"
premier ton avec clef de la
femme, injurier quatrième ton avec la clef du filet de
pêche,
chacun ses harengères et un interrogatif
atonal ou deuxième voire troisième ton
avec la clef de la bouche)
ne donnent en fait aucune indication sur les tons.
Ceux-ci ne figurent aucunement dans les pictogrammes.
Ils figurent ou pas dans les langues tonales ayant adopté une notation alphabétique. Le vietnamien, on dira que cela s'écrivait traditionnellement en caractères, mais le thaï ?
Délicieux vermicelles notant certains des tons, pas forcément tous.
Langue tonale et tons marqués, donc, réconciliation de l'écrit avec l'oral, d'autant que l'alphabet, respectable, date du 14ème siècle ?
Certes, mais pas indispensable - comme le fit remarquer en 1912
le monarque Rama VI
(c'est pas moi, c'est Serge Kreutz qui le dit, - en anglais).
Royale et lettrée réticence,
comme si effectivement les tons s'adaptaient mal à l'écrit autre que de transcription (alors que des notations sont évidement possibles, elle n'ont pas été retenues en pinyin "de Chine" sauf pour les livres de cours destinés aux long-nez - mentionné ci-dessus par Laurent).
Incompatibilité d'humeur, ou simple constat du "verba volant, scripta manent", les tons n'étant certes pas identiques dans tous les parlers locaux ?
Sais pas ...
Ignorantus, ignoranta, ignorantum.
On peut d'ailleurs se demander, écrivit "Hope I die before
I
get old" ,
question
il est vrai à laquelle seul un « de langue
maternelle » peut répondre si un
locuteur ressent la même syllabe frappée de tons
différents comme... la même
syllabe frappée de tons différents ? Un
Pékinois avec « ma » prononcé
aux
quatre tons fait-il l'analyse « m » + « a
» variant de hauteur ? Exemple (négatif)
parlant : je suis à peu près certain qu'aucun
francophone de " base
" (et de parler « parisien »...) n'entend dans
« banc » « bât » avec
la voyelle nasalisée (/bâ/ /bâ|/), ou
« lait » et « lin
(/lè/ /lè|/),
etc. [attention aux accents « exotiques »
!
Lao Li
老李 Laurent: J'ai demandé
à un « de langue maternelle ».
Le ton n'est qu'un marqueur de sens, tout de même moins
important que la
consonne et la voyelle.
Un Chinois fait une plus grande distinction entre « bo
» et « po, mo, fo »
qu'entre les divers « bo » selon leur ton. Je m'en
doutais parce qu'un autre «
de langue maternelle » m'a enregistré sur une
cassette (audio) le tableau «
bo, po, mo, fo (etc.) » qui figure dans les
premières pages du tome 1 de
l'Assimil
de chinois.
Cette liste de
toutes les syllabes
du chinois mandarin figure aussi sur la Toile.
Elle se récite, ... mais sans les tons. Il faut entendre un
Chinois réciter
la liste (à toute vitesse), c'est amusant comme tout.
Nous sommes cependant bien d'accord que la syllabe
« ma » n'a pas de
signification, sauf si elle fait partie d'une phrase
prononcée (sans les tons)
permettant de /deviner/ son sens (donc... son ton) par le contexte.
Sans que cela soit en rapport direct avec la question, il me semble que la préoccupation des tons fait que l'on a souvent tendance à oublier combien les consonnes ont autant d'importance que les voyelles pour se faire bien comprendre.
(Pour les
non-sinisants : Nombreuses
consonnes, dont certaines difficiles
à distinguer les une des autres -- et encore plus
à prononcer --, pour
un francophone qui n'y est pas habitué.)
Image
Chanteur:
Jean-Baptiste CôTÉ
Canadien, Québec 1832 - Québec 1907
Le chanteur
Vers 1865
Extrait du site du Musée
des
Beaux Arts de Montréal
.