一 些 汉 字
QUELQUES TRAITS DE CARACTÈRES
[ Où l'on voit fllc préoccupé successivement de la classification des caractères,
de leur transcription phonétique,
de calligraphie et de différences entre kanjis et sinogrammes ...]
DE LA THÉORIE ...
Guillaume Audibert lança la
première salve sur fr.lettres.langue.chinoise:
<
Cette liste est- t'elle exacte ou incomplète ?
Merci d'avance pour vos réponses.>>
Bravement,
Lao Li - 老李 Laurent de monter au
créneau:
Le site de
Michel Parent
nous éclaire ...
La classification en six catégories de 许慎 (Xu Shen), l'auteur du premier dictionnaire chinois, datant donc de 1900 ans, si elle requiert quelques adaptations, n'est pas vraiment périmée dans ses grandes lignes : étonnant, ou plutôt le signe d'une certaine permanence dans le mode de formation des caractères.
Xu Shen
distinguait six catégories (六书
1. Les pictogrammes, 象 形 - xiangxing, où xiang, l'éléphant, cette fois signifie "ressembler", xing forme, configuration;
2. Les idéogrammes, 指事 - zhishi, shi c'est la chose et zhi, indiquer, "chose indiquante", donc;
3. Les associatifs, 会意 - huiyi, hui c'est se réunir, et yi le sens, la signification;
4. Les formes-sons, 形声 - xingsheng, "pictophonétique", sheng la voix, xing la forme;
5. Les notatifs, 转注 - zhuanzhu, zhuan tourner, retourner, changer / zhu, annotation, commentaire. Il s'agit de caractères de "signification étendue dont la nouvelle forme écrite représente la présentation modifiée" (?), et enfin:
6. Les emprunts, 假 借 - jiajie, jia, faux, factice, simulé et jie ... emprunter. Nous les avons déjà quelque peu évoqués à propos de néologismes.
Ainsi donc parlait 许慎.
Un peu (!) plus
tard, Viviane Alleton nous
simplifiait la vie (L'écriture chinoise,
Viviane Alleton, Paris : Presses universitaires de France, 1990.- 127
p.- (Que
sais-je ?, 1374)) :
Elle distingue en effet entre:
1.
Formes simples
1.A. Sinogrammes (peu nombreux) représentant un objet.
1.B. Sinogrammes ayant valeur de symbole ou
caractères « symboliques »
Exemples :
Les 3 premiers nombres
décrits par Siva sur ce
même site; 上
shàng = haut, monter ,
下
xià= bas,
descendre.
Note de Laurent : Cette distinction traditionnelle entre 1.A
et 1.B ne doit pas être exagérée :
exemple de 日 rì (s'il signifie soleil
: 1.A, mais jour : 1.B).
2.
Formes complexes ne comportant pas
d'élément phonique
Il s'agit
plus ou moins de concepts. Exemples :
明
míng
= lumière, clair
(日
rì plus 月
yuè = soleil plus lune) (Environ 5% de l'effectif
total des sinogrammes en usage)
3.
Formes complexes
Elle
comportent un élément phonique (plus de 90% de
l'effectif
total des sinogrammes en usage), sont parfois appelées
phonogrammes et incluent:
3.A Les "phonétiques"
3.B Les clefs.
FORT BIEN. NOUS SAVIONS DONC
COMMENT CLASSER LES CARACTÈRES
SELON LEUR ORIGINE LEXICALE.
MAIS LA GRAPHIE, POURQUOI CHANGE-T-ELLE ?
Telle
fut, en somme, la question de Fechter:
"Vous avez des infos sur
la simplification des signes chinois
après guerre?
Au Japon
cela s'est passé en 1946 je crois... Je n'arrive pas
à trouver
de documentation précise ...
J'aimerais vos avis et vos idées quant à des
adresses diffusant des infos
sur les discussions engagées à
l'époque, les différentes options...
Je suis un peu au courant, mais je voudrais des choses spécifiques."
Jean-Marc Desperrier s'y colla en premier:
"Je vais
rester sur des généralités, mais bon
...
En Chine, cela s'est passé un peu plus tard qu'au Japon,
mais malgré tout pas
extrêmement longtemps après la deuxième
guerre mondiale.
Les simplifications ont repris une bonne partie des simplifications
japonaises,
mais en ont ajouté beaucoup d'autres, plus
extrêmes.
Et donc contrairement à ce que moi en tout cas je pensais
à l'origine, les
deux cas les plus courants sont :
- Caractère traditionnel : pas simplifié en
japonais, simplifié en chinois, et
- Caractère traditionnel : simplifié en japonais et en chinois de la même manière.
Le dernier
cas n'est pas le plus fréquent :
Caractère traditionnel : simplifié en japonais,
et encore plus simplifié en
chinois.
Donc un chinois qui maîtrise à la fois les
caractères simplifiés et
non-simplifiés peut reconnaître une bonne partie
des caractères chinois
utilisés en japonais.
Par ailleurs, je rappelle pour ceux qui ne sont pas au courant, que si
la Chine
continentale utilise les caractères simplifiés,
Taiwan et Hong Kong sont restés
exclusivement attachés aux caractères
traditionnels, ce qui explique que les
personnes qui s'intéressent au chinois ont
intérêt à connaître un peu
les
deux pour ouvrir plus leur horizon.
Fechter,
remerciant, ajoutait:
Un détail pour votre information: il existe un
quatrième cas de figure où les Japonais ont
simplifié et les
Chinois non. Cela concerne environ 30 caractères, presque
identiques
d'ailleurs à la forme traditionnelle (juste un
point est omis, ou bien un trait change de direction).
Laurent
d'intervenir:
... et ces traditionnels reviennent même
à Canton... Il existe en Chine
continentale (c'est-à-dire hors Hong Kong et Macao) des
débats à ce sujet.
Souvenir d'une photo d'un Pékinois dessinant sur le sol, par
protestation, des
caractères traditionnels (je ne sais plus en quelle
année).
Inversement, les Hongkongais commencent à apprendre "le
simplifié"
et aussi le pinyin (surtout les jeunes). Il semble même, mais
c'est une autre
histoire, qu'ils inventent un "dialecte" hongkongais de l'anglais (une
nouvelle variété d'anglais).
Pour ce qui est de la formation des caractères
simplifiés, elle apparaît,
parfois, comme brutale ou arbitraire aux japonisants (et bien des
Chinois
trouvent, eux aussi, plus beaux les caractères
traditionnels) ; elle a
cependant sa logique ou plutôt 'ses' logiques
(expliquées par Viviane Alleton
dans son "Que sais-je" sur « L'écriture chinoise
», entre autres
la formation « pictophonétique » ou
d'une « forme complexe comportant un
élément
phonique », l'adjectif "complexe" ne s'opposant pas, dans
cette
parenthèse, à "simplifié").
J'espère que nous pourrons donner quelques exemples de
transition traditionnel
--> simplifié ; mais... saisir un traditionnel
suppose (en pratique, avec
Global IME) de connaître le zhuyin
ou 'bopomofo' (un syllabaire).
[Incidente de Laurent:
Un alphabet, plutôt. J'ai confondu avec les hiragana et
katakana : je trouve
que zhuyin fuhao, bopomofo, ressemble un peu à l'ensemble
katakana, mais à vrai dire je ne suis pas
absolument certain qu'hiragana et... ...
cattacanas (comme écrit l'Encyclopédie de Diderot
et d'Alembert, ou serait-ce
catacanna(s){NDC - Pas trouvé...} ?)
soient, très exactement, des syllabaires.
Je me demande bien de quels caractères proviennent les
formes du zhuyin ?
Jean-Victor Gruat présenta le
résultat d'une recherche ad hoc:
Le bo-po-mo-fo ou zhuyin fuhao,
注意符号,
"symbole
phonétique", créé en 1913, serait
dérivé "de formes
calligraphiques chinoises" voire de caractères existant.
ㄅ B |
ㄒ X ㄓ ZH ㄔ CH ㄕ SH ㄖ R ㄗ Z ㄘ C ㄙ S ㄚ A ㄛ O ㄜ E ㄝ EH ㄞ AI |
ㄟ EI ㄠ AU ㄡ OU ㄢ AN ㄣ EN ㄤ ANG ㄥ ENG ㄦ ER ㄧ I ㄨ U ㄩ IU ㄪ V ㄫ NG ㄬ GN |
Le tableau ci-dessus reprend les différentes "lettres" de cet alphabet phonétique
(À
propos, allez donc voir http://myweb.worldnet.net/~pguillas/pages/hieroglyph.shtml
Quelle délicieuse simplicité que celle des
caractères chinois !),
et il n'est pas trop difficile d'identifier des symboles connus parmi les plus de quarante concernés - dont le fameux 儿 qui nous occupa naguère , d'autres encore, parfois des clefs - ce peut être un jeu d'interprétation intéressant. Pourquoi tel symbole associé à tel son ? Pour V, simple. 万, wan, 10,000. A la rigueur, pour M, ㄇ fait penser à 门, clef de l'enceinte. Etc., peut-être.
Quant aux katakana, même s'ils sont beaucoup plus nombreux (une septentaine),
l'on ne peut que constater de troublantes similarités.
Le
pinyin est quant à
lui la forme officielle de translittération
pour la Chine continentale. De nombreuses autres l'ont
précédé, toutes
apparemment fondées sur des appréhensions
étrangères de la langue parlée. Certains
font référence à plus de 35
"techniques" historiquement
recensées. "Wade-Giles" est l'une des plus connues, encore
pratiquée
semble-t-il. Elle figure dans les dictionnaires continentaux des bons
faiseurs, en compagnie parfois de la
correspondance en utilisant l'alphabet phonétique
international pour les
pinyinisants en proie au doute.
Si vous lisez l'anglais, vous trouverez ICI
des explications assez concises sur les origines respectives des
wade-giles, bo
po mo fo et pinyin.
A Laurent la conclusion provisoire:
Il existe
un *beau livre* pas trop cher, l'Assimil tome 3 de
japonais (« Les kanji») qui me semble
être le minimum pour un sinisant,
les 214 clés étant les mêmes que celles
du système chinois classique... Il se
« lit », je devrais dire "se déguste",
sans avoir à étudier la
structure de la langue japonaise. Et, pour une fois, les
caractères sont bien
dessinés (je refuse de... m'échiner...
à déchiffrer des traits quasi
invisibles, cela vaut d'ailleurs pour l'alphabet
latin et la manie récente
d'utiliser des lettres de très petit corps
(étiquettes, écrans)).
On va pouvoir dialoguer à 10.000 km de distance, mais
impossible de lire une étiquette
de boîte de conserve sans s'armer d'une
loupe... ]
...
A LA PRATIQUE ...
Lao Li 老李 Laurent lança le premier défi aux calligraphilecteurs que nous pensions être devenus:
A traduire et translittérer une inscription, CoeurXin, probablement en caractères traditionnels
Premier orateur inscrit, JV Gruat:
Saviez vous que Tintin s'appelle aussi "Cœur pur" ? Au Tibet, je crois ...
Vite fait, comme
ça, sur le gaz:
Le marché des cœurs purs - qing xin shang chang
En bas, à gauche, premier caractère "pi".
Spécificatif
(mais oui) pour des lots de
marchandises, entre autres.
En bas à droite "zéro achat" (?!).
Le reste, sais pas. Du traditionnel.
Georges Ko de compléter:
Deuxième caractère:
發 (fa) = 发,
批發 = vente en
gros.
貨倉 (huo4 cang) =
dépôt de marchandises
Laurent récapitule:
> A . B . C . D . qing
xin shangchang3 (pur - cœur - marché, bazar)
> . . E . F . . . . . . huo4cang =
貨倉
(2 car.
trad., dépôt de marchandises)
> . G H . I J . . . pifa . ling [?] (pas trouve J, note de Lo')
>
> GH, pifa = vente en gros (pi signifiant "lot" ou
"groupe")
> IJ, ling = zéro - gu = achat, zéro achat (?!), peut-être "import-export"
Et
JVG assène:
"gu", acheter, ou vendre. Clef de l'eau à gauche,
plus cinq traits, la croix
surmontant un carré.
Ling (zéro)
零
veut aussi dire fraction.
"Ling gu" signifierait
alors "vente au détail".
Sur Ocrat,
un superbe
zéro décomposé trait par
trait. Ceux-là en moderne
Et plus de
mystère - Le marché des cœurs purs,
dépôt de marchandises, vente en gros et
au détail.
Laurent de préciser : Entrepôt, ou hangar, situé en Île-de-France ; enseigne non traduite en français, ce qui est rare dans ce quartier "non chinois"... Surprenant ! Fermé suite à des activités de trafic de drogue (du moins selon la rumeur, par conséquent : sous toutes réserves ! Si l'anecdote était fondée, ce serait amusant, question limpidité). Cette enseigne, finalement repeinte en blanc par l'entreprise qui a succédé, n'existe plus.
A signaler avant de passer à des exercices plus périlleux, les essais de calligraphie tentés en toute bonhomie par Yves Harrand, un septuagénaire fou d'enthousiasme, de musique et de chinoiseries.
A son joyeux tambour répond désormais le violon du compilateur:
Mais venons-en aux empoignades ...
Et aux débats que peuvent susciter l'interprétation même de calligraphies
(cette différence d'approche n'est-elle pas d'ailleurs aussi bien artistique que culturelle ?)
PANDORE EN EMBUSCADE
(OU ... ON Y VA AU RADAR)
Ce succès trop facile
nous aurait-il
grisés ? FLLC s'attaqua alors, en horde dispersée
mais avide de savoir, à la
question posée en vain depuis quelques semaines par pHd qui
piaffait dans son coin:
"Je cherche toujours une explication à la
signification de l'idéogramme
ci-dessous:
Il me semble qu'il devrait s'agir d'une émotion.
Donc probablement
difficile à définir avec des mots (?).
Merci."
Premier de cordée, Jean-Victor Gruat:
"Faut-il
que l'on vous aime pour souffrir de la sorte ...
Après m'être usé les yeux et
l'imprimante sur votre image, il me semble que,
découpée en deux caractères, la partie
haute pourrait avoir des liens
incestueux avec
lou,
simplifié en 娄
. J'écris
"incestueux" car il me semble
manquer un trait par ci par là.
Mais si votre artiste avait le pinceau un peu hésitant, il
pourrait peut-être
s'agir de shû, 数
, compter; nombre
(shù) (ou shuò, fréquemment),
version non simplifiée
數 .
Quant à celui du dessous, à supposer
là encore que votre graphiste ait eu les
poils fourchant, on pourrait penser à jì,
寄, envoyer, expédier,
dépendre
de (au sens parasitisme).
Aucune idée cependant de ce que pourrait signifier shu ji.
Épouiller, peut-être,
comme "dénombrer les parasites" ?
Alors, oui, ce serait émotionnel ...
數
寄
Pierre Renault, à
la rescousse:
Le deuxième idéogramme est
définitivement "chi": se loger chez,
faire une confidence à, envoyer. Le premier est un peu
difficile à lire, je
n'ai pas pu décortiquer de radical. Sans radical, impossible
de chercher dans
un dictionnaire.
Fetcher d'interjeter:
Vous ne
connaissez pas cet idéogramme parce que vous n'avez pas
assez
étudié
les vieux caractères non simplifiés, mais il me
semble que c'est lou,
construction, comme dans le livre "HongLouMeng", en japonais
"KouRouMu",
le rêve dans le pavillon rouge (
红楼梦,
texte français publié à la
Pléiade en 1981, deux volumes de 1600 pages
chacun environ. Copyright UNESCO pour le texte traduit ...
Oeuvre de Cao
Xueqin, dix-huitième siècle,
considérée par Mao Zedong dans son article
"Sur les dix grands rapports" comme "une des fiertés de la
Chine" - NDC)
JVG de préciser:
Le lou signifiant bâtiment s'orne de la clef de l'arbre à gauche, 楼 (édifices en bois, je présume).
Pierre Renault et moi-même nous
référons au même caractère
(le second dans
votre (celle de pHd, ndc) calligraphie), dont la
translittération en pinyin est ji, mais chi dans
le système dit Wade-Giles.
50% de réussite, donc. On vous souhaite plein
succès final !
Interventions
alors de fuser à partir de fr.lettres.langue.japonaise, les
"voisins d'à côté"
Lolal : D'après moi il s'agirait d'une forme ancienne de
奇数 (premier
idéogramme = ayashii (étrange),
deuxième idéogramme = kazoeru (compter)).
Le premier idéogramme du dessin serait 寄
(JIS 3473, SJIS 8AF1, kuten
2083) et le deuxième 數
(JIS 5A4B, SJIS 9DC9, kuten
5843) ancienne forme
de 数 (SU/SUU/kazu/kazo.eru).
Maintenant pour ce qui est de la lecture et de la signification, il
peut s'agir
soit de きすう
(kisuu) qui veut dire "malheureux",
"malchanceux" ou bien de きす (kisu) qui veut dire quelque
chose du genre "fait de manière
élégante", "avec style".
Qu'en pensez-vous ?
[Que
du bien, in petta JVG. Les mêmes caractères
à nouveau reconnus
... Seulement voilà:
Fetcher tout à trac:
J'ai trouve
un truc très intéressant:
Si le deuxième, ji ou qi n'avait pas de chapeau, le
composé signifierait
"manque de chance, mauvaise fortune, destin tragique" ou bien
"aléatoire,
varié".
Je pense qu'il y a une erreur dans le deuxième
caractère qui ne devrait pas
avoir la clé du toit au dessus...
Peut-être est ce un jeu de mot alors, avec le
caractère qui a la clé du toit, et
cela signifierait que le danger approche... je ne sais vraiment pas!
Je ne parle que japonais mais pour moi cela veut dire "louqi"
ou
"rouki" en japonais Le premier caractère veut dire
"construction"
et le deuxième s'approcher, et cette combinaison avec ki en
dernier veut souvent
dire porche.
Je dirais le porche du bâtiment, ou bien, je ne sais pas,
entrer dans le bâtiment.
Dernière chose, bien que je confirme mon idée que
la clé du toit est en trop
:
sachant que le premier caractère a une prononciation
particulière "shuo"
qui signifie "souvent", et que le deuxième signifie venir,
s'approcher, peut-être cela veut-il tout simplement dire
"venir fréquemment",
"rendre visite fréquemment".
Ou bien, puisque "ji" a aussi le sens de "séjourner,
être hébergé"
(voir le Ricci), cela peut être une forme pour dire
"séjourner souvent à
tel endroit"
"Ji" signifie aussi "confier à, déposer",
"expédier",
"s'appuyer sur", "adoptif"...
Alors essaye toutes les combinaisons et vois ce qui convient.
Mais je répète, le plus probable est que la
calligraphie soit erronée, le toit
en trop.
Ce toit souleva des tempêtes !
JVG -
Un mot tout de même en passant sur ces a priori d'erreur dans
le copiage.
Un trait en trop, par ci par là, ou en moins, cela peut
arriver, surtout si le
copiste n'est pas un fin lettré en chinois classique.
Ajouter une clef, c'est tout de même nettement exceptionnel !
Dans les caractères qui nous préoccupent, les
parties
奇 et
娄
sont censées donner une indication phonétique,
par delà leur sens propre,
homme soupirant d'admiration, et femme en train de ne rien faire.
Il pourrait certes y avoir un délicieux jeu de double sens
derrière la
calligraphie - bouche bée, lascive oisive, j'ajoute un toit
et frappe un
coup ...
Mais il serait alors tout à fait volontaire.
Et, le chinois se lisant parfois de bas en haut, éviterait
la confusion avec
奇数, qui signifie
tout banalement ... nombre impair.
Beaucoup moins émotionnel !
Pierre MUSTIERE - Hop,
je viens de faire appel
à l'arme absolue, mon voisin de bureau
nippon.
Adoncques, la calligraphie n'est pas erronée, il s'agit bien
des caractères "suu" (chiffre) et "ki"
(bizarre) *,
je suis désolé pas de
UTF8 disponible sur mon browser ici, donc je ne peux pas envoyer pour
le moment, mais
ce sont les 2 caractères suggérés.
C'est juste une
ancienne calligraphie (le "ukanmuri" pour les japonisants, -toit?- pour
les
sinisants, est bien à sa place).
Ca se lit donc "suuki" en japonais tout du moins. C'est un mot qui
n'est employé que très très rarement,
dixit mon voisin. Cela signifie
"tourmenté" (et voilà le sentiment).
En japonais: kisuu na unmei wo tadoru ->avoir un destin
tourmenté.
Le mystère est levé!
{* Ce qui correspond bien
en chinois à "nombre impair" - "odd number"
en anglais - à supposer une lecture de bas en haut, et un
caractère
incomplet - NDC }
Madison d'aussitôt
jubiler: "Et la solution
vient d'un japonisant OUAIS !!"
Alors qu'un autre
"japonisant" rebattait le
sentier sur de toutes autres brisées:
Fetcher - Écoutez,
pour en finir avec ce truc, j'ai pris mon Iwanami Kokugo Jiten, un dico
de Japonais pour Japonais, et j'infirme ce qu'a dit votre Japonais et
vous donne
la version académique:
suki (et non suuki) avec OU sans le chapeau signifie:
fuuryuu no michi (toku ni cha no yu) wo konomu koto
Litt: "Le fait de préférer
(particulièrement dans la cérémonie du
thé) la voie de
l'élégance."
Voilà, je crois que tout est clarifié, et cela
rejoint ce que disait quelqu'un du
thread, élégance.
Le Japonais (qui toujours cherche à répondre
même quand il ne sait pas trop,
j'en ai fait l'expérience en demandant mon chemin au Japon!)
a confondu avec la
lecture suuki qui n'a pas le ukanmuri et qui veut dire
tourmenté...
Est-ce satisfaisant?
Merci de m'avoir fait décrocher mon Iwanami !!! (quel
flemmard!!!)
Jean-Victor Gruat ne pouvait se résoudre
aux approximations radicales:
Nous en sommes donc tous peu ou prou arrivés aux
mêmes conclusions:
数
寄, qu'on le
prononce comme on le sent, et plus de rouspétance
!
Ceci étant, shû,
数,
peut signifier (Chinese-English
Dictionary, Pékin 1981), outre compter ou
dénombrer,
être considéré comme exceptionnel au
sens de
superlatif. Quant à
寄, jì, il peut
(même
source) signifier dépendre de, s'attacher à,
mettre son espoir en quelqu'un.
Exceptionnel attachement - ou: Du bonheur dans l'esclavage.
Nous la jouez-vous "Retour à Roissy" ?
Il
eut le malheur d'ajouter:
L'enfilade mixte dont vous nous extrayons (数寄)
a, du moins pour moi, fait apparaître une
différence
importante dans l'approche aux caractères entre pratiquants
de
la langue
chinoise, et de la langue japonaise.
Ce qui se comprend. Hors ceux-ci, point de salut en chinois.
D'où un systématisme
dans la recherche, clefs, nombre de traits, étymologie, etc.
En japonais, du moins pour les participants à notre
discussion, l'idéogramme
semble en somme cerise sur le gâteau,
vérité révélée
sans justification.
Au prix d'approximations remarquables, y compris le
tourmenté final, qui
correspond (errare humanum, sed persevare ...) encore et toujours
à la graphie
奇 et non
寄, aucune des deux d'ailleurs n'ayant
rien de
particulièrement ancien ou traditionnel (sinon qu'elles
n'ont pas fait l'objet
de simplification).
Et ce fameux "kisuu" n'est rien d'autre que la paire chinoise jishu (奇数)
signifiant nombre impair, tous les dictionnaires raisonnables vous y
conduisent.
"Chiffre bizarre", c'est tout bêtement "odd number" en
anglais. Nombre pair, c'est "even number", 偶数,
ôushu. Qui ne
veut pas vraiment dire "chiffre du soir", même en
archaïsant ... ni
polygamie. En chinois, une paire n'est pas forcément le
total de ses unités,
comme nous en avions, je crois, débattu sur nzn.
Pour résumer, le mélange de blanc et de couleurs
ne me semble pas forcément
très heureux. Même si parfois le linge
déteint prend un pastel délicat, il
vaut mieux éviter d'en faire une habitude ...
D'où de vertes répliques, dont celle de Lolal:
Je
ne suis pas d'accord.
Devant un idéogramme inconnu, le japonisant est
obligé de se plier au même systématisme
que le
sinisant dans sa recherche. Pour
aboutir à la réponse que j'avais faite, j'ai
dû
passer par le fameux "systématisme" dont tu parles :
recherche
du nombre de
traits, de la clef, de la partie pouvant donner le sens de
l'idéogramme,
recherche d'idéogramme ressemblant ou ayant des parties en
commun avec les idéogrammes
en question. Et seulement alors j'en suis arrivé
à la
conclusion que
le premier idéogramme devait être une variante de
數¸ que l'on trouve de
nos jours sous la forme simplifiée 数.
C'est vrai que dans mon post je n'ai donné que le
résultat de ma recherche, sans
en fournir le cheminement, ce qui a pu vous conforter dans cette image
des japonisant.
D'un autre côté, il est vrai qu'il y a aussi des
japonisants comme tu sembles les
décrire. Mais je connais également des sinisants
qui apprennent les idéogrammes sans
se soucier de la clé, de l'étymologie ou de quoi
que ce soit d'autre. Tout ce
qui leur importe, c'est de retenir la lecture et le sens.
Après, savoir qu'il
s'agit de telle ou telle clé, que tel
élément est phonétique, ils n'en ont
rien
à faire. En fait tout dépend de
l'intérêt que l'on porte à la langue
qu'on
apprend, et de ce que l'on recherche dans l'apprentissage des
idéogrammes. Il est
sans doute vrai que l'on retrouve plus souvent chez les sinisants les
gens
intéressés
par l'étymologie des idéogrammes, et que beaucoup
de japonisants
n'apprennent les idéogrammes que pour savoir lire et
écrire.
Mais il ne faut pas généraliser et
dénigrer comme vous le faites les
japonisants.
Pour "suki" en japonais les deux écritures sont possibles.
数奇 ou 数寄, et la signification est la même. Par contre pour "suuki", seule l'écriture 数奇 est valable.
DONT ACTE ...
数寄,
C'EST DE BIEN PRENDRE LE THÉ AU JAPON.
EN CHINE,
CELA POURRAIT ÊTRE ENCORE PLUS LIÉ AU SADOMASOCHISME ...
Que d'émotions !
jvg, 27.01.01