si vous savez dessiner,
vous savez écrire ...cang jie
[ 倉頡 Cang Jie - Chong Kit, c'est le scribe (légendaire) qui aurait systématisé l'écriture chinoise "inventée"
par l'empereur Fu Xi 伏 羲
il y a quelque 5000 ans.
Ce n'est que grâce à - comment dire - la persévérance, l'obstination, la foi, le courage ... d'Yves Harrand, calligraphe notoire et informaticien têtu, fidèle du groupe chinois-français, qu'après moult balbutiements
le Compilateur a pu agripper un des bouts du fil d'Ariane parcourant le Cang Jie.
Merci également à Lao Li -老李 Laurent
qui sut le premier d'entre nous s'intéresser
et s'atteler à cette méthode, en termes ICI repris.]
rappel des faits:
Par le dévouement de Georges Ko, l'assidu de fllcjvg peut aisément identifier la graphie d'un caractère dont la translittération en pinyin est connue, et donc le reproduire par copier-coller. L'accès direct par IME ou BoPOMoFo n'a plus guère non plus de secrets.
Demeurait le grand mystère:
Comment reproduire un caractère, surtout non simplifié (pour ces derniers, les dictionnaires continentaux, par clefs et décompte de traits, suffisent en général) dont on ignore la prononciation ?
Certes, Zhongwen fournit une liste de caractères classés par nombre de traits - mais difficile de repérer "le sien" parmi quelques centaines.
la méthode, c'est le cang jie ...
朱邦復
Chu Banfu en est l'inventeur. Ce qui suit, directement extrait du site anglophone de référence, prétend en livrer l'essentiel.
[RASSURONS LES LÉGALISTES: le site indique
"Notice of Rights: Elements of this website can be reproduced for non commercial purposes. "]
La "méthode Cang jie", une fois IME téléchargé, se résume pour l'utilisateur de base à la visualisation d'un clavier affichant 26 caractères - en fait un par lettre de l'alphabet latin. Deux d'entre eux ne sont pas utilisés par Chu Banfu (le Z et le X).
le "X" sert en fait pour traiter les "cas difficiles" - quinze en tout, tortue, tétard et autres multiplicités - en composition.
C'est à partir de ces 24 touches (ou "signes"), que seront reproduits des milliers et des milliers de caractères traditionnels.
Au maximum, cinq frappes (combinaison de 5 signes) seront nécessaires, paraît-il, pour parvenir au résultat.
La sélection des "signes" et leur ordre d'entrée obéissent bien sûr à des règles précises, puisque le Cang jie est d'abord une technique d'encodage.
Ci-après, le clavier, et un premier exemple:
Supposons que nous soyons en présence du caractère
腮
Décomposition immédiate, intuitive:
月+田+心, BWP, "fonction recherche" dans
NOUS SOMMES PRÊTS ... JOUE CONTRE JOUE.
l'ordre d'entrée, sans surprise:
de haut en bas,
, 十田十
de gauche à droite,
, 十十
du "contenant" vers le "contenu":
un brin de philosophie, donc, dans le tableau ci-dessous, avant de revenir au prosaпque ...
[Sur fllc, 老李 Laurent nous avait fait bénéficier des
"Leçons du Professeur Booooo" et de son classement en quatre catégories - exemples à l'appui:
- la PHILOSOPHIQUE (de A à G)
- la PICTURALE (de H à N)
- la CORPORELLE (de O à R)
- la GRAPHIQUE (de S à Y) ]
LES 24 "SIGNES" PRINCIPAUX - CEUX FIGURANT SUR LES TOUCHES DU CLAVIER - DONNENT ACCÈS À 87 ENTRÉES SECONDAIRES (de 0 à 7 selon les touches. )
Encore assez abscons, n'est-il pas vrai ?
BREF, DE QUOI SE RéSIGNER à L'ABANDON ...
S'IL N'Y AVAIT LE LUMINEUX ET IMPRIMABLE:
DES MYRIADES DE COMBINAISONS
AUSSITÔT SE RÉVÈLENT ...
Certes, ce n'est pas si simple.
Il faut d'abord identifier le traitement qui convient pour le caractère recherché, selon qu'il comportera un, deux ou trois "compartiments"
Puis cela se complexifie un peu, notamment avec une délicatesse dont l'importance fut signalée
par Lolal sur fllc:
Pas de jointure dans les angles
Cela signifie, en gros, chaque caractère étant inscrit dans un carré, que si un des angles de celui-là apparaît occupé par le raccordement de deux "signes" ou touches, cet accouplement est considéré comme incestueux par le Cang Jie.
AINSI:
力NE S'ÉCRIRA PAS K +N
(jonction en haut à droite)
MAIS BIEN
K + S ,
UN SEUL 'SIGNE' DANS L'ANGLE.
TANT QU'ON Y EST:
Principe d'économie
田,W, et non口,R +十, J
Occuper le plus de terrain possible:
Pour faire 夫,
Q occupe mieux le carré que G,土
(partie haute seulement)
donc QO + et pas GO
Pas de superposition
(qui effacerait l'information sous-jacente)
申s'écrit L + W 田+ L
曳, L + W 田+ P七
avec évidemment quelques exceptions
comme 木,大,七,火,戈 …
L'ordre des entrées au clavier doit, l'on s'en serait douté, suivre celui des traits du pinceau.
et puis, les cas difficiles - du moins, ceux reconnus comme tels.
- quinze exceptions ou groupes d'exception fort proches de l'état de règles ...
Cette partie de l'exposé magistral est malheureusement assez peu claire - du moins pour moi. Mais d'aucuns sauront peut-être préciser ...
huit "formes" ne requièrent que deux codes, en raison de leur fréquence - Exemple 門, la porte, pour qui "an" suffit
onze caractères ont une de leur partie considérée comme "unifiée" - par exemple 應, devoir (simplifié 应) se contente de "igp", le "o" étant omis
le "contenu" prime sur le "contenant" lorsque ce dernier formerait normalement le dernier signe de la partie concernée - exemple 耐, "être capable de supporter, patient", sera "mbdi" et non "mldi", le trait vertical est "sacrifié" au profit de l'enveloppant
six "groupes" difficiles à tracer utilisent la touche "x" s'ils sont précédés d'une entrée donnée - arbitraire total, six, pas sept ou huit. exemples
卍, nx; 兒 (simplifié 儿) hxhu, etc.
même principe pour neuf autres "signes" qui doivent, eux, toujours être suivis et précédés des mêmes accompagnants
La tortue, 龜 crochet et zig zag,
c'est simplement "nxu" ... heureusement !
voili, voiça ... après s'être rafraîchi au sommaire , plus qu'à pratiquer !
Le Compilateur aurait souhaité pouvoir déguster 伏羲, Fu Xi
en hors d'œuvre. Malheureusement, si Fu, 伏, OIK, est à sa portée,
羲 fait plus que résister ... CGHSI, TGHNI, TGHSI, rien n'y fait.
Yves Harrand, à la rescousse !
PS. En fait, ce fut Georges Ko, un mois plus tard sur fllc
A la question de Jean-Victor
Gruat :
>
> Suis preneur de 羲 (depuis quelques semaines) et de 豕(plus
récemment) en cang jie.
Georges répondit:
> - pour 羲,
c'est
廿土竹木尸 (soit TGHDS)
> - pour
豕, c'est 一尸竹人
(soit MSHO)
D'où
remarques compilatoires:
MSHO, j'aurais pu trouver si j'avais cherché intelligemment
et réellement
consulté le ci-dessus.
MSHO pour
豕 c'est
:
le trait de 一
le héng zhé
gou 横折钩
en secondaire de 尸(pilepoil.htm )
plus crochet incurvé
à droite
le piê, left-falling stroke, jeté
撇 qui orne le
crochet sur sa partie
ventrale
et les deux
points-traits
que l'on trouve en secondaire de O, 人
(la même chose
que
人, en somme, après
rotation d'un quart sens inverse des aiguilles
d'une montre et léger écartement au sommet).
Une unité, quatre codes, premier, second,
troisième et dernier.
Mais pour 羲, s'il
était une chose dont j'étais sûr,
c'était que l'encodage
devait se terminer par la hallebarde, signe de plein exercice,
I.
Trois unités,
premier et dernier; premier et dernier; dernier ou premier et
dernier.
Je m'avais trompé - premier et dernier, clef de l'herbe T
secondaire, clef
de la terre G;
premier et dernier, H le
pie du chef de 禾, le blé en herbe
ou
quelque chose comme ça, et D pourquoi ? Sais pas trop, je voyais
bien le zig-zag,
mais puis admettre la combinaison privilégiant la rencontre
du
trait vertical et de l'anguleux; S alors pour
"dernier",
c'est-à-dire dans
la hallebarde, autrement I, l'aspect "partie droite de
作", prenant le pas
sur le formalisme.
TGH, j'avais. TGHD,
j'aurais peut-être pu l'oser. Mais TGHDS ...
Bref, le cangjie demeure extrêmement difficile - au moins
pour moi !
jvg, MAJ 8 juillet 2001