LES SYSTÈMES DE TRANSCRIPTION DU CHINOIS
(zhuyin - "prononciation concentrée")
Sous le titre
"Quels systèmes de transcription ?"
Cyann Chan demandait en septembre 2002:
"Bonjour.
À part le pinyin officiel,
y a-t-il ou y avait-il un autre système en vigueur ?
Connaissez-vous un lien ou je puis trouver un tableau comparatif et/ou de prononciation basique ?
Par avance je vous remercie."
JVG, référençant:
On en parle dans la partie II de la FAQ
(vous pouvez lire toute la FAQ, bien sûr)
"c. La
transcription alphabétique
Le pinyin est la forme officielle de translittération pour la Chine
continentale. De nombreuses autres l'ont précédé, toutes fondées sur des
appréhensions étrangères de la langue parlée. Certains font référence à
plus de 35 "techniques" historiquement recensées - voir
http://www.sinistra.net/els/sup/transcript.html
.
"Wade-Giles"
est l'une des plus connues, encore pratiquée semble-t-il. Elle figure dans les
dictionnaires continentaux de bon faiseur, en compagnie parfois de la
correspondance avec l'alphabet phonétique international pour les pinyinisants
en proie au doute.
Le système ÉFEO (École
française d'Extrême Orient) a également connu son heure de gloire.
A Taiwan, on continue d'employer une transcription fondée sur un alphabet
particulier, dit Zhuyin fuhao ou BoPoMoFo, inventé en 1913 par la toute nouvelle République de Chine.
L'alphabet BoPoMoFo ressemble un peu (beaucoup?) à celui utilisé en japonais
pour les "katakana".
Voir traits.htm
"
Sinoptic a
fait un gros effort pour rendre les transcriptions les plus pratiquées (pinyin,
BoPoMoFo, Wade Gilles et École Française d'Extrême Orient) accessibles
simultanément.
Voir
http://www.sinoptic.ch/langue/
Une autre référence comparative:
http://www.pinyin.info/romanization/compare/gwoyeu_romatzyh.html
signalée sur fllc par un généreux anonyme (base Gwoyeu-Romatzyh, une curiosité).
Pour l'ÉFEO seule
http://www.sinoptic.ch/langue/translit/systemes/pinyin_efeo.htm
Pour Wade-Giles seul
http://www.unizh.ch/ostasien/sin/Unger-Pinyin-WG.pdf
Il faut distinguer deux choses :
1) les systèmes de transcriptions créés en Chine par des Chinois pour
transcrire les sinogrammes dans un but scientifique et/ou officiel
2) les systèmes de transcriptions créés en
Chine ou en Occident par des Occidentaux pour transcrire les sinogrammes dans
leur langue
Comme on le voit, le but est immédiatement différent.
Les systèmes de type (1) se veulent plus ou moins scientifiques donc univoques, et ils doivent tenir compte des tons du chinois.
Les systèmes de type (2) ont pour seul but de
rendre en anglais, français, russe, etc. la prononciation des sinogrammes et
donc ignorent les tons.
Au niveau des systèmes de type (1) on peut mentionner
:
1.1 Le BoPoMoFo créé dans les années
10-20 du siècle dernier (après la chute des Qing) afin d'enseigner le mandarin
aux Chinois non-mandarinophones.
Le BoPoMoFo utilise des signes « alphabétiques
»
(càd qu'ils indiquent des phonèmes de façon univoque) pour indiquer les sons
et des accents pour indiquer les tons.
[NDC. BoPoMoFo, c'est le nom des quatre premières consonnes du tableau de transcription. Un peu ABCD, en somme.]
CONSONNES INITALES, BOPOMOFO
BOPOMOFO, LES FINALES :
1.2 Le hanyu pinyin développé dans les années 50-60 du siècle dernier pour remplacer le BoPoMoFo qui, semble-t-il, n'avait pas eu un grand succès.
Le pinyin suit le même principe que le
BoPoMoFo avec la différence qu'il utilise l'alphabet latin au lieu de l'alphabet
particulier au chinois créé exprès pour le BoPoMoFo. Il utilise les mêmes
accents pour indiquer les tons.
1.3 Il existe à Taiwan un pinyin légèrement différent du hanyu pinyin, le tongyong pinyin. Histoire de pas faire comme les
communistes.
Les différences sont minimes : -uei au lieu de -ui, -iou au lieu de -iu,etc.
Le tongyong pinyin n'est quasiment pas utilisé
: même à Taiwan, on lui préfère le BoPoMoFo (dans l'enseignement) ou le
Wade-Giles, voire le hanyu pinyin, pour les transcriptions à l'usage des étrangers.
1.4 Le gwoyeu romatzyh développé dans les
années 30 du siècle dernier.
Il rend compte _à la fois_ de la
prononciation et du ton dans sa transcription en alphabet latin, càd que -- contrairement au pinyin -- un
sinogramme prononcé par exemple "shi" ne sera pas transcrit de la même
façon selon que sa prononciation est "shi1", "shi2",
"shi3" ou "shi4". À ma connaissance, il n'est pas utilisé.
1.5 Le Beifangxua Latinxua Sin Wenz est un autre système des années 30-40 du
siècle dernier, qui fut créé en URSS pour la minorité chinoise de l'extrême-orient
russe. Ce système n'indiquait pas les tons. Je le classe dans le (1) et pas
dans le (2) car ses usagers étaient des Chinois et parce que son créateur était
chinois (Qu Qiubai).
Au niveau des systèmes de type (2) on peut mentionner
:
2.1 Le Wade-Giles, utilisé par les
Anglo-Saxons, créé par Sir Thomas Wade en 1859 et développé par son
successeur à Cambridge Herbert Giles.
C'est de loin le système le plus utilisé en
Occident (même si le pinyin s'impose petit à petit), du moins dans les ouvrages
non-scientifiques.
2.2 Le système de l'École Française d'Extrême Orient (ÉFEO) de S. Couvreur, utilisé par les Francophones,
mais récemment abandonné au profit du hanyu pinyin.
L'Encyclopaedia Universalis indique
toujours
les noms chinois en double transcription hanyu pinyin *et* ÉFEO.
2.3 Le Yale, utilisé par les Américains au
cours du siècle dernier,avant que le Wade-Giles britannique ne s'impose même
chez eux.
2.4 Le système russe qui utilise bien
entendu l'alphabet cyrillique et qui a peut-être influencé le pinyin.
2.5 Le système allemand (Lessing-Othmer) à
ma connaissance toujours utilisé dans les pays germanophones.
2.6 Le système italien (Bortone-Allegra) à
ma connaissance abandonné au profit du Wade-Giles (dans les ouvrages de
vulgarisation) ou du pinyin (dans les ouvrages sérieux).
2.7 Chaque pays a a priori développé son propre système d'après sa manière
de transcrire les sons (je sais qu'en Hongrie, par exemple, il y a un système
particulier pour transcrire le chinois, seul utilisé).
Exemple : le
mot Chine en
caractères traditionnels, en simplifiés
s'écrira
1.1 (zh)(o)(ng)(g)(u)(o) ㄓㄨㄥㄍㄨㄛ
1.2 zhongguo
1.3 jhongguo
1.4 jonhhwo
1.5 zhungguo
2.1 chung-kuo
2.2 tchong-kouo
2.3 jung-gwo
2.4 чжунго
[NDC. *tchzhoungo, pas
facile à prononcer - même en russe - mais bon ... ]
2.5 dschungguo
2.6 (je ne sais pas)
2.7 etc.
jvg:
Le cangjie est également une forme de transcription, basée non sur la phonétique mais sur le mode d'écriture du caractère.
Toujours pour "zhongguo", on écrira
中田戈口一
(traditionnels)
ou
中田一土
(simplifiés)
De création récente, et destiné à l'informatisation, le cangjie est plutôt une technique d'encodage qu'une transcription au sens habituel du terme.
Cyann Chan, concluant
Je vous remercie beaucoup Jean-Victor G et V
GIANNI, pour vos très bonnes explications détaillées ainsi que pour vos
liens.
Amicalement,
CC
MAJ 20.9.2002, jvg
Nous savions depuis juin 2002 et l'intervention de Laurent que
"il paraît que le pinyin est
une
transcription, et non une translittération, et la
première explication claire que j'ai trouvée figure sur
le site de Siva,
http://sivanataraja.free.fr/
sur la différence entre
« ... la transcription
(notation d'un phonème d'une langue par un signe)
et la translittération
(notation d'un signe d'une écriture donnée
au moyen d'un autre signe) ... »,
Siva avait ensuite précisé:
D'autant plus que le chinois n'utilisant pas
de lettres (litterae),
on ne peut le translittérer, c'est-à-dire convertir (trans) ses lettres d'un
alphabet à un autre.
Dans la translittération, tout signe d'un alphabet doit toujours être rendu par le même signe, même si sa réalisation phonétique change ou s'il est muet :
ainsi, si j'écris en russe un mot terminé en -ого, je le translittère -ogo mais le transcris -ovo car le г (lettre « gué ») russe (translittéré par un g),dans cette position, se prononce /v/, ce dont la translittération ne doit pas tenir compte.
Ce n'est qu'une bijection, la transcription étant
une interprétation.