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II - Qu'est-ce que la "langue chinoise" ?

 

        1. Généralités  

Le père jésuite Matteo Ricci à sa hiérarchie, il y a quatre siècles:

"Je me suis appliqué à la langue chinoise et j'assure Votre Révérence que c'est une autre chose que le grec ou l'allemand (...) La langue parlée est sujette à tant d'équivoques que beaucoup de sons signifient plus de mille choses et parfois il n'y a d'autre différence entre l'une et l'autre que de prononcer le son avec la voix plus élevée ou plus basse en quatre espèces de tons. C'est pourquoi, parfois, quand ils parlent entre eux, ils écrivent pour faire comprendre ce qu'ils veulent dire, car les choses sont différentes par l'écriture l'une de l'autre.

Quant aux caractères, c'est une chose à laquelle on ne peut croire si on ne l'a pas vu ou expérimenté comme je l'ai fait. Il y a autant de lettres que de paroles et de choses (...) Leur manière d'écrire est plutôt une manière de peindre et c'est pourquoi ils écrivent avec un pinceau comme nos peintres. Il en découle cette utilité que toutes les nations qui ont cette écriture peuvent se comprendre au moyen des lettres et des livres bien que leurs langues soient très différentes."

            a. La langue n'est pas l'écriture

La langue chinoise est une des rares où l'écriture est  entièrement dissociable de l'oral. En d'autres termes, et comme l'explique fort bien Laurent Neyret sur tons.htm 

"Il existe en fait (sauf depuis le début du 20ème siècle) deux langues chinoises, chinois mandarin s'entend, l'écrite et l'orale.

Dans ce sens, le chinois n'a pas de « tradition » orale très ancienne.
 
Le chinois écrit était quelque chose du genre  A nr, E bc, I re, U vt, O bu : W
 dire futur naître latent
, etc.  (toutes mes excuses à Rimbaud), et c'est seulement si vous étiez très lettré que vous arriviez à comprendre.

Je ne saurais, dans un simple article tout clarifier (ni d'ailleurs la relation à la tonalité), je n'affirme donc pas que c'était im-prononçable, puisqu'il y avait des poèmes... Mais ce n'était pas vraiment prévu pour être dit.

Tout cela est bien mieux expliqué dans le "Dictionnaire de la civilisation chinoise", E.U. / Albin Michel, ISBN 2-226-10092-X, 22,87 €, qui n'évoque pas uniquement la langue chinoise ou dans le 'Que sais-je' d'André Lévy sur "La littérature chinoise ancienne et classique", 6,50 € seulement et pas un sinogramme.


À côté de cette langue écrite, on utilisait la langue parlée, que la Révolution de 1911 a fait monter en grade,

 1. en décidant qu'on l'écrirait ;

 2. avec les sinogrammes, jusque-là réservés (ou pratiquement réservés) à la langue écrite;

 3. en décidant que ce serait la langue nationale (parlée)."

            b. Une des plus anciennes écritures humaines

http://www.gio.gov.tw/info/echos/98/33/p3.htm :

"Cette écriture a, depuis ses origines, grandement évolué sans toutefois s'écarter de son premier principe: décrire une chose ou exprimer une idée. Les récentes fouilles archéologiques ont permis de découvrir les premiers signes qui remontent à la fin du XIVe siècle av. J.-C. Il s'agit des jiaguwen, caractères gravés sur des carapaces de tortue ou des os scapulaires de boeuf et servant aux oracles ou à la notation d'événements."

Wang Hongyuan, Aux sources de l'écriture chinoise, Sinolingua, Beijing 1994:

"L'écriture idéosyllabique, dans laquelle chaque signe représente un mot ou une syllabe, se trouve en Orient, dans cette vaste zone dénommée Asie, qui s'étend de la rive orientale de la Méditerranée à la côte ouest de l'Océan Pacifique. L'Égypte et les civilisations de la mer Égée - tout au moins dans la période pré-hellénistique - sont incluses dans l'orbite des cultures asiatiques.

Dans cet immense espace, sept systèmes d'écriture idéosyllabiques originaux se sont développés: le sumérien en Mésopotamie de 3100 avant Jésus Christ à l'an 75 de notre ère, le proto-élamite à Élam de - 3000 à -2000, la proto-écriture de l'Inde dans la vallée de l'Indus autour de - 2200, les hiéroglyphes en Égypte de - 3000 à l'an 400, l'écriture crétoise en Crète et en Grèce continentale de - 2000 à  - 1200, celle des Hittites en Anatolie et en Syrie de - 1500 à -700 et enfin les idéogrammes chinois de - 1300 jusqu'à l'heure actuelle."  

Voir aussi http://classes.bnf.fr/dossiecr/in-chine.htm , Petite histoire de l'écriture chinoise.

        c. Des dialectes, une graphie

Statistiquement, selon

http://www.ethnologue.com/show_country.asp?name=China , le cantonais (Yue) compterait 52 millions (seulement) de locuteurs en Chine, contre 77 millions pour le Wu (un peu plus au nord que Canton, sud-est de la province du Jiangsu, la plupart de la province du Zhejiang et Shanghai), et 163 millions pour les 10 autres langues répertoriées comme "chinoises" sans compter bien sûr le mandarin, 867 millions, soit 70% de la population continentale.

L'unité de ces langues, fort différentes à l'oral, en grammaire et en syntaxe (il ne s'agit pas de patois, d'accents ou de simples variations lexicales) c'est bien sûr l'écriture idéographique.

Voir aussi

http://fr.wikipedia.org/wiki/Langue_chinoise

        d. La simplification des caractères

La simplification des caractères traditionnels, entamée en Chine continentale dans les années cinquante, continuait en fait une pratique japonaise datant de 1946.

Les dictionnaires bilingues courants couvrent une dizaine de pages pour reproduire en tableaux d'impressionnantes listes regroupant en gros 5.000 idéogrammes et leurs avatars.

Ces "cinq mille" se sont multipliés à partir d’une souche trifide composée de :

350 caractères ne pouvant être utilisés en composition pour la formation d'autres caractères. 

132 caractères pouvant se retrouver en composition ET fréquentables en caractères indépendants.

14 caractères qui sont des clefs simplifiées n'existant pas en tant que caractères de plein exercice mais servent à former de très nombreux caractères dérivés.

Voir simplifier.htm

et (en anglais) http://www.sungwh.freeserve.co.uk/hanzi/

        e. La langue nationale (le putonghua)

Pûtong huà, général-comprendre-mots, c'est "la langue de monsieur tout le monde", ou "la langue que tout chinois comprend".

Elle serait "basée sur le dialecte pékinois" - une hypothèse contoversée -, et constitue en fait la langue nationale. Souvent considéré comme synonyme de "mandarin", qui se dit en fait Hàn Yû, les caractères sur la couverture de l'Assimil , langue (et non langage) des Han, le putonghua a des règles de prononciation bien précises, mais qui ne sont en fait exactement celles d'aucun ensemble donné de locuteurs. Voir http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/asie/chine-4pol-chinois.htm

D'après la faq de Zhongwen, le mandarin, basé sur le "parler du nord",  correspondrait à la "lingua franca" des fonctionnaires pendant les dynasties Ming et Qing basées à Pékin.

Après le renversement des Qing en 1912 s'est posée la question de l'adoption d'une langue nationale. L'on a même tenté une hybridation de dialectes, apparemment sans succès, avant de décider que le mandarin serait la langue nationale sous l'appellation Guo Yu. Le terme Putonghua aurait été introduit après 1949.

L'article 19 (5) de la Constitution de la République populaire de Chine stipule que "L'état promeut l'utilisation du putonghua sur tout le territoire national", mais il ne s'agit pas d'une reconnaissance formelle de langue officielle, au sens par exemple de la constitution française. Les langues et systèmes d’écriture des minorités ont obtenu une reconnaissance officielle en 1949, et ont alors commencé d'être enseignés et employés à l’ école, parallèlement à la langue nationale, dans toutes les zones d’implantation des différents groupes linguistiques.

        f. Les rapports avec d'autres langues asiatiques ... et le français

L'écriture chinoise a exercé une forte influence en Asie du sud-est. Elle demeure très présente en japonais, en parallèle ou en superposition avec l'écriture alphabétique dite "moderne".

Voir http://kanji.free.fr/ pour l'utilisation des idéogrammes ("kanji") en japonais.  

Au Vietnam, http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/asie/vietnam.htm on utilisait le nôm, système d'écriture élaboré sur la base de l'écriture chinoise. Pour transcrire un mot vietnamien, on utilise un idéogramme chinois dont le sens est proche de ce mot, et un autre idéogramme dont le son se rapproche de celui du mot vietnamien. Le premier texte en nôm que l'on possède date du XIVème siècle, mais l'usage du nôm remonterait au Xème siècle. A partir du XVIIème siècle, le quôc ngu, écriture romanisée, se substitue progressivement au nôm.

Sur le coréen:

http://www.typographie.org/trajan/hangul/hangul_0.html 

"C’est sous l'impulsion de la propagande bouddhiste que l’écriture chinoise fut introduite en Corée vers le fin du IVème siècle. Au VIIIème siècle, son emploi était déjà très répandu chez les lettrés et elle sera utilisée pour transcrire aussi bien les langues chinoise que coréenne.

Toutefois l’usage de l’écriture idéographique chinoise pour transcrire le coréen, langue agglutinante à flexions, riche en désinences, n’était pas sans poser de nombreuses difficultés, car elle ne permettait pas de noter ces articulations du langage sans lesquelles la phrase ne peut être comprise.

En 697, le lettré Sel Tchong assigna à un certain nombre de signes chinois un rôle phonétique tout en en modifiant légèrement la prononciation pour tenir compte des spécificité de la langue coréenne. Ainsi le mot hou qui signifie « porte » en chinois devint le signe syllabique transcrivant le son ro. Ce système, dit du complément syllabique, permettait ainsi de transcrire à côté de l’idéogramme chinois, la désinence du mot coréen. Il connut un vif succès et survécut jusqu’à l’invasion japonaise en 1894."   

Le français a fait relativement peu d'emprunts au chinois. L'on en parle sur emprunts.htm avec quelques surprises - comme kaolin, youyou et l'incontournable mandarine.

          g. D'autres formes d'écriture (curiosité)

Sans grand rapport avec la langue chinoise 

(quoique ... Voir plus haut, Wang Hongyuan, sur l'apparition de l'écriture idéographique en Asie),

signaler sur http://www.unicode.org/charts/index.html une superbe collection d'alphabets et d'écritures. Les liens sont en format PDF, donc pas besoin de télécharger une police très étendue.

   2. Les caractères

        a. Combien y en a-t-il ?

Selon Zhongwen, le dictionnaire publié au début de la dynastie Qin 

(troisième siècle avant Jésus Christ.

http://www-chaos.umd.edu/history/toc.html - en anglais - 

pour une (bonne) histoire de Chine basée sur les familles aux pouvoir. 

En français, http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Chine

comprenait environ 50.000 caractères, dont la plupart étaient des variantes d'écritures successives au cours des siècles. Le dictionnaire publié peu après par le Han ne contenait plus que 9.353 caractères.

Une personne instruite reconnaît environ 6.000 caractères. Lire la presse sans difficulté requiert la connaissance de 3 à 4.000 caractères. 

Le seuil d'alphabétisation est fixé entre 1.500 et 2.000 caractères en Chine populaire. En France, la Faculté a défini un seuil minimum de 400 caractères pour avoir des chances de succès aux épreuves du baccalauréat lorsque le chinois est choisi comme seconde ou troisième langue vivante. Un autre seuil significatif (début d'études spécialisées) a été fixé à 900 caractères - voir smic.html

Les logiciels standard comprennent 6.500 caractères en République Populaire, et le double à Taiwan ou Hong Kong. La page

caracliste.htm recense 21.739 caractères (traditionnels et simplifiés). 

Ramounet  propose un dictionnaire en ligne contenant 4.000 caractères (simplifiés).

Le dictionnaire chinois-français traditionnel Han Fa Cidian (Pékin 1990) comporte 5.300 entrées (soit pas tout à fait autant de caractères; il y a en effet un certain nombre d'homographes non homophones - se dessinent pareil mais se prononcent différemment).

ATTENTION - De nombreux mots sont composé de deux caractères, voir point V.1. Si vous maîtrisez, par exemple, 1.000 caractères, vous connaissez en fait, potentiellement, bien plus de mots.

        b. D'où viennent-ils ?

Dans son ouvrage déjà cité ("Aux sources de l'écriture chinoise"), Wang Hongyuan, reliant comme il se doit culture et écriture, décrit l'origine des caractères au travers de 7 grands chapitres: 

l'homme (le corps humain: la tête; les mains et les pieds; de la naissance à la mort),

la nature (la terre-mère; la flore; la faune), 

la chasse et l'agriculture (la chasse; l'agriculture; la domestication des animaux), 

l'artisanat (le tissage de la soie; l'architecture; les arts du feu; la menuiserie et le travail de la laque; la fabrication du vin), 

la vie quotidienne (la domestication du feu; l'alimentation; vêtements et parures; l'habitation; les relations interpersonnelles), 

la guerre (armes et troupes; guerres nationales; malheur au vaincu), 

la religion (l'art néolithique; divination et sacrifices; la naissance de la civilisation).

Une approche simplifiée peut être trouvée en français sur http://classes.bnf.fr/dossiecr/in-chine.htm  

Wikipedia ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Sinogramme ) aborde le sujet de manière très claire et extrêmement pragmatique - le site est lisible sans avoir importé les outils de lecture de caractères: ceux-ci sont présentés sous forme de fichiers image.

La page frequence.zip donne la fréquence d'utilisation des caractères dans la langue moderne.  ecriture.htm fournit d'autres références sur l'origine des sinogrammes.


        c. Comment les caractères sont-ils composés ?

Indépendant de son origine et de sa complexité, tout caractère est relié à une clef (également nommée "radical").

La clef détermine la famille à laquelle se rattache le caractère (terre, eau, feu, bois, métal, glace, pain, homme, femme, cheval, chien, oiseau, poisson, porc, dragon, tortue, sagesse, arme, chariot, toit, enceinte, parole, coeur, tête, main, pied, dent, soleil, lune, habit, divination, écriture ...)

Les dictionnaires contemporains (Chine populaire) recensent 226 clefs et onze caractères dont la simplification ne permet pas de les rattacher à une clef (y compris le chiffre O qui n'est pas écrit 0 mais s'arrondit en romanisation).

C'est également l'approche retenue par  Michel Parent.

Zhongwen n'utilise "que" 214 clefs, tout comme UNICODE. Ces deux outils se basent sur le chinois traditionnel. La simplification a conduit à une légère augmentation du nombre de clefs pour faciliter la recherche (certaines clefs ne s'écrivent en effet pas de la même façon lorsqu'elles sont en composition, ou selon leur position dans le caractère qu'elles servent à composer).

Les clefs sont classées dans des tableaux par nombre croissant de traits. Les dictionnaires publiés en République Populaire sont plus « flexibles » que ceux édités à Taiwan (caractères traditionnels) en ce qui concerne les clefs (ils font figurer séparément et la clef « caractère de plein exercice » et son équivalent en composition lorsqu’ils sont différents d’aspect 

– voir clavitab.htm ) comme pour ce qui est de l’identification des caractères à partir du tableau des clefs. Sans doute pour faciliter la recherche, il peut ainsi arriver que certains caractères figurent sous deux entrées ou clefs différentes.

Une fois la clef identifiée, ce qui n'est pas toujours évident, un autre tableau permet de repérer le caractère recherché, à partir du nombre de traits additionnels. En regard du caractère figure un nombre, qui est celui de la page du dictionnaire où il figure.

La partie qui ne forme pas la clef du caractère précise le sens, ou donne des indications sur la prononciation (par référence à un autre caractère de même facture).

http://zhongwen.com permet, en cliquant sur les caractères traditionnels, de mieux comprendre leur étymologie (en anglais).

clefs.htm fournit d'autres liens pour mieux comprendre les clefs, donc l'origine des caractères. 

POUR UN TABLEAU COMPLET AVEC CLEFS Y COMPRIS EN COMPOSITION ET SIMPLIFIÉES, 

PRONONCIATION ET SENS PREMIER EN FRANÇAIS :

clavitab.htm

        d. La transcription des noms propres

Les noms de famille, prénom ou noms de lieux étrangers sont reproduits en chinois sous forme de caractères sélectionnés soit à partir de la prononciation (approximative), soit à partir du  sens (plus rarement), soit par association d'idée.

Le dictionnaire Français - Chinois (Shanghai, 1978) contient une annexe des noms de famille et prénoms français les plus courants (3000 entrées) et une annexe des noms de lieux (2000 entrées) avec leur transcription en caractères.

http://www.lechinois.com/prenom.html vous permet la traduction en ligne de votre prénom (résultat sous forme de fichier image). Un exemple sur

Aurelie.htm (réponse à une demande formulée sur fllc. Vous y serez toujours bien accueilli(e)s).

Une fantaisie de bon aloi est possible pour la traduction des noms de famille et prénoms en chinois. De toutes façons, le résultat sera approximatif, donc autant préférer l'esthétique et le parlant au calque phonétique parfois trop besogneux.

Il faut savoir que le nom complet des chinois (nom et prénom) ne comportent pratiquement jamais plus de trois syllabes, ou caractères (Mao Zedong, Deng Xiaoping, Mao Dun, Lao Zi ...).

Or, les différences phonologiques entre le chinois et le français (beaucoup de syllabes ne sont pas communes au deux langues - voir plus bas, V.3.a, Phonétique et phonologie) et la fréquence des combinaisons prénom-nom de 4, 5, 6 voire 7 syllabes ou plus nuisent beaucoup à la concision requise pour "faire aussi vrai que faux peut l'être".

Un exemple tiré de fllc: Un participant, dénommé Pascal, voulait connaître la transcription de son prénom en chinois. L'orthodoxie répond Pàsikâ'êr, ce qui est trop long, ne veut rien dire, et commence par un caractère désagréable (craindre, avoir peur, redouter). L'auteur de cette faqfllc a donc suggéré Wu Baikuai, littéralement "cinq cents unités monétaires", qui a l'air d'autant plus chinois que Wu est un authentique nom de famille ...

 

    3. Comment prononcer ?

        a. Phonétique et phonologie

La langue chinoise de référence nationale (voir plus haut, Putonghua, point II.1.e), le parler de Pékin, comporte (shengyun.htm , unique sur Internet) 389 phonèmes, correspondant à la combinaison de 21 "consonnes" initiales (sheng mu) avec 38 voyelles (yun mu) ou diphtongues, qui peuvent être nasalisées. Le nombre théorique de possibilités est en fait beaucoup plus important, puisqu'il s'établit à 38 fois 22 (les voyelles peuvent exister sans consonne initiale), soit 836. 

Le tableau des phonèmes comprend donc nombre de cases vides, car tout ne se prononce pas: nul do, to, no, lo en chinois langue nationale, non plus que de bia, pia, mia, fia. 

Les 21 consonnes sont:

b, p, m, f, d, t, n, l, z, c, s, zh, ch. sh, r, j, q, x, g, k, h

Les 38 finales:

a, o, e, ê, -i, er, ai, ei, ao, ou, an, en, ang, eng, ong, i, ia, iao, ie, iu, ian, in, iang, ing, iong, u, ua, uo,uai, ui, uan, un, uang, ueng, ü, üe, üan, ün.

Le chinois est une des rares langues (avec le français) à connaître le son ü (comme dans "huile"). Il n'accepte pas la succession de deux consonnes sans voyelle intermédiaire: pas de gr, bl ou fr. Une voyelle, sauf nasalisation finale -n ou -ng, ne peut être suivie d'une consonne dans une syllabe: pas plus de ot’ que de al’ ou de ir’.  

La phonologie chinoise (voir phonetique.htm) dit en fait que chaque syllabe est systématiquement composée de trois éléments, initial, médian, final.

L'initiale est une consonne ou "rien", la médiane une voyelle, la finale n, -ng, ou "rien" phonetique/phon8.htm

Il est rappelé que (tiré de fllc) "La phonologie, c'est comme qu'on cause. La phonétique, c'est comme qu'on peut causer".

http://www.linguistes.com/phonetique/phon.html
Phonétique: Étude des sons de la parole appelés phones 

Phonologie: Étude des sons à valeur linguistique, phonèmes en relation avec un signifié. Les traits phoniques sont appréhendés par rapport à leur valeur distinctive.

NB1. Les considérations qui précèdent valent seulement, rappelons-le, pour le pékinois, base de la langue nationale chinoise. Les autres langues parlées en Chine auront évidemment recours à d'autres combinaisons phoniques. Le cantonais, par exemple, admet certaines syllabes avec voyelle initiale et consonne en finale autre que -n ou -ng, tout comme il connaît de syllabes commençant par un consonne ng absente du pékinois.

http://www.chinalanguage.com/CCDICT/index.html fournit de nombreuses indications sur la prononciation dans différentes langues parlées en Chine.  

NB2. A voir absolument, à partir de phonetique.htm 

une étude passionnante de Siva Nataraja sur la phonétique et la phonologie historique du chinois. La page utilise des notations assez complexes tirées de l'API (alphabet phonétique international). Il est donc recommandé de se munir d'une police de caractères adéquate (comme Arial Unicode MS ou Office 2000). 

 Voir également une étude très minutieuse de Siva sur les syllabes du chinois mandarin,

http://sivanataraja.free.fr/phone/non-ie/chinois/index.htm

 

        b. Les tons

Le chinois fait partie des langues dites "tonales", c'est-à-dire des langues qui se caractérisent par une prononciation, une accentuation, différentes de la même syllabe, suggérant un sens différent. 

En chinois les quatre tons sont, successivement, linéaire, montant, bi-tonique (descendant puis montant) et enfin descendant. Il existe un cinquième ton, dit neutre, qui correspond à une syllabe brève pour laquelle le "sens" de la voix n'a pas d'importance.

Il ne faut pas confondre les tons mélodiques chinois avec les tons dits "à registre" où ce qui importe c'est la hauteur de la voix (grave - aigu). Ce qui est discriminant en chinois, c'est la différence entre le point de départ et le point d'arrivée.

Dylan W.H. Sung , sur la base d'une échelle de 1 à 5 (du plus grave au plus aigu) note ainsi les quatre tons du chinois: 55 pour le linéaire, 35 pour le montant, 213 pour le "bitonique" et 51 pour le descendant.

C'est bien sûr l'alternance des tons qui donne au chinois ses sonorités chantantes. Les 900 caractères retenus par l'Association française des Professeurs de chinois pour tester le niveau de connaissances des sinisants impétrants se répartissent entre 22 % pour le premier ton, 21 % pour le deuxième, 20% pour le troisième, 36% pour le quatrième et 1% pour le ton neutre.

Cette répartition ne se vérifie cependant pas dans la langue réelle, puisque certains caractères sont plus fréquents que d'autres, et que certains tons "changent" au contact des autres (par exemple, quand deux caractères au troisième ton se suivent, le premier se prononce au deuxième ton).

Pour les 26 premières leçons du Manuel de chinois fondamental, la répartition des caractères est ainsi de 18.3 % au premier ton, autant au second, 20.7 % au troisième et 28.3 % au quatrième. Le reste (14.4%) est donc "neutralisé" dans les phrase de la vraie vie. Cela tient au fait que les (rares) caractères au ton neutre sont extrêmement usités - ils jouent un rôle grammatical très important.

Les tons ne sont pas notés dans les caractères. Parmi les autres langues tonales

(elles sont nombreuses, plus du quart paraît-il des langues du monde

-         voir tons.htm )

le thaï est une des rares à faire figurer les tons dans l'écriture - qui est il est vrai alphabétique.

En transcription alphabétique, les tons peuvent être indiqués de différentes manières, soit par leur "numéro" - 1, 2, 3, 4 et 0 pour le neutre - soit par l'ajout d'un diacritique sur la voyelle concernée (trait adscrit ou rien pour le premier ton, accent aigu pour le second, accent circonflexe ou (mieux) haček \/ pour le troisième, accent grave pour le quatrième.

Certains des symboles correspondants ne sont pas accessibles directement à partir d'un clavier AZERTY (ou QWERTY) standard. La liste ci-après, due à Laurent Neyret, fournit les codes requis pour obtenir ces signes par ASCII - presser  Alt et sans relâcher taper les 3 chiffres sur les touches à droite du clavier, Num Lock allumé.

Alt +

160 á ; 161 í ; 162 ó ; 163 ú ; 133 à ; 141 ì ; 149 ò ; 151 ù

Ci-dessous les symboles ne correspondant pas à des codes ASCII courants:

ă ,  ā ,  ĕ ,  ē ,  ĭ ,  ī ,  ŏ ,  ō ,  ŭ ,  ū 

UNICODE décimal (voir unicode.htm ) :

&#259 &#257 &#277 &#275 &#301 &#299 &#335 &#333 &#365 &#363

Plus raffiné encore, variations autour de ü:

  ǖ , ǘ, ǚ, ǜ

&#470 &#472 &#474 &#476

L'importance des tons grandit évidemment avec celle des homonymes, qui sont particulièrement nombreux en chinois. Il y a cependant des divergences entre étudiants ou anciens étudiants de langue française: certains estiment indispensable d'apprendre en même temps pinyin et ton, d'autres (dont l'auteur de cette faqfllc) pensent que les tons viennent avec la pratique, et qu'il ne sert à rien de se martyriser, surtout si l'on n'a pas l'oreille musicale ...

NB1 - TOUTES LES LANGUES TONALES ASIATIQUES N'ONT PAS QUATRE TONS. 

Le vietnamien en a 5 (six avec le neutre), le cantonais 9 (réductibles à six), le thaï six. 

NB2 – La notation des tons par diacritiques (accents) n’est pas la seule pratiquée. On trouve également couramment les tons indiqués par la transcription de la voyelle en pinyin suivie du numéro d’ordre. C’est une question d’école, ou de pratique – mais l’un ou l’autre s’écrit ou s’écrivent.

        c. La transcription alphabétique

Le pinyin est la forme officielle de translittération pour la Chine continentale. De nombreuses autres l'ont précédé, toutes fondées sur des appréhensions étrangères de la langue parlée. Certains font référence à plus de 35 "techniques" historiquement recensées - voir http://www.sinistra.net/els/sup/transcript.html

"Wade-Giles" est l'une des plus connues, encore pratiquée semble-t-il. Elle figure dans les dictionnaires continentaux de bon faiseur, en compagnie parfois de la correspondance avec l'alphabet phonétique international pour les pinyinisants en proie au doute.

Le système ÉFEO (Ecole française d’Extrême Orient) a également connu son heure de gloire.

A Taiwan, on continue d'employer une transcription fondée sur un alphabet particulier, dit Zhuyin fuhao ou BoPoMoFo, inventé en 1913 par la toute nouvelle République de Chine. L'alphabet BoPoMoFo ressemble un peu (beaucoup ?) à celui utilisé en japonais pour les "katakana".

Voir traits.htm et http://fr.wikipedia.org/wiki/Zhuyin   

Pour plus de références sur les systèmes de transcription (on ne parle pas, pour le chinois, de « translittération » qui décrit le passage d’un alphabet à un autre) voir transcription.htm.

        d. Langue orale, langue écrite

Comme déjà mentionné, l'écriture chinoise en caractères n'a que peu de rapport avec la prononciation. Même lorsqu'une partie du caractère indique la phonie probable, elle ne marque pas le ton. Par ailleurs, les homophones sont si nombreux (moins de 400 phonèmes) que, même en y mettant le ton, une écriture purement alphabétique est très difficile à envisager. Les linguistes de la Chine du début des années 1950, inventeurs du pinyin, s'y sont cassé le pinceau.

La langue parlée ne dispose évidemment pas du visuel des caractères pour éviter les confusions orales. Le sens des mots se comprend donc essentiellement parce que les phrases les mettent en situation, et que les locuteurs ne reculent pas devant la redondance pour être sûrs de se faire bien comprendre.

Au téléphone par exemple, pour faire passer un mot rare (un prénom peu porté, une transcription de mot étranger, un caractère peu fréquent ...), et comme le fameux A comme Adèle, Z comme Zébulon n'aiderait guère, l'on entendra souvent "décrire" un caractère par référence à un autre caractère plus connu comme composante d'une paire.

Admettons par exemple que l'on veuille parler du pays d'Oc, encore peu fréquenté par les Chinois. "Oc" se dit officiellement Aoke, mais il y a beaucoup de façon d'écrire Ao, et Ke. L'on dira donc par exemple "Ao comme dans Aomen (Macao) mais sans la clef de l'eau; ke comme dans Kegebo - KGB, c'est connu".

Cela marche, mais pas très rapide ...

 

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