II - Qu'est-ce que la "langue chinoise" ?
Le père jésuite Matteo Ricci à sa hiérarchie, il y a quatre siècles:
"Je me suis appliqué à la langue chinoise et j'assure Votre Révérence que c'est une autre chose que le grec ou l'allemand (...) La langue parlée est sujette à tant d'équivoques que beaucoup de sons signifient plus de mille choses et parfois il n'y a d'autre différence entre l'une et l'autre que de prononcer le son avec la voix plus élevée ou plus basse en quatre espèces de tons. C'est pourquoi, parfois, quand ils parlent entre eux, ils écrivent pour faire comprendre ce qu'ils veulent dire, car les choses sont différentes par l'écriture l'une de l'autre.
Quant aux caractères, c'est une chose à laquelle on ne peut croire si on ne l'a pas vu ou expérimenté comme je l'ai fait. Il y a autant de lettres que de paroles et de choses (...) Leur manière d'écrire est plutôt une manière de peindre et c'est pourquoi ils écrivent avec un pinceau comme nos peintres. Il en découle cette utilité que toutes les nations qui ont cette écriture peuvent se comprendre au moyen des lettres et des livres bien que leurs langues soient très différentes."
a. La
langue n'est pas l'écriture
La
langue chinoise est une des rares où l'écriture
est entièrement
dissociable de l'oral. En d'autres termes, et comme l'explique fort
bien
Laurent Neyret sur tons.htm
"Il
existe en fait (sauf
depuis le début du 20ème siècle) deux
langues chinoises, chinois mandarin
s'entend, l'écrite et l'orale.
Dans
ce sens, le chinois n'a
pas de « tradition » orale très ancienne.
Le
chinois écrit était quelque chose du
genre
A nr, E bc, I re, U vt, O bu : W
dire futur naître latent,
etc. (toutes
mes excuses à Rimbaud), et c'est
seulement si vous étiez très lettré
que vous arriviez à comprendre.
Je
ne saurais, dans un simple article tout
clarifier (ni d'ailleurs la relation à la
tonalité), je n'affirme donc pas que
c'était im-prononçable, puisqu'il y avait des
poèmes... Mais ce n'était pas
vraiment prévu pour être dit.
Tout
cela est bien mieux
expliqué dans le "Dictionnaire de la civilisation chinoise",
E.U. /
Albin Michel, ISBN 2-226-10092-X, 22,87 €, qui
n'évoque pas uniquement la
langue chinoise ou dans le 'Que sais-je' d'André
Lévy sur "La littérature
chinoise ancienne et classique", 6,50 € seulement et pas un
sinogramme.
À
côté de cette langue écrite, on
utilisait la langue parlée, que
la Révolution de 1911 a fait monter en grade,
1.
en décidant qu'on l'écrirait
;
2.
avec les sinogrammes,
jusque-là
réservés (ou
pratiquement réservés) à la langue
écrite;
3.
en décidant que ce
serait la langue nationale (parlée)."
b. Une des plus
anciennes écritures humaines
http://www.gio.gov.tw/info/echos/98/33/p3.htm :
"Cette
écriture a, depuis
ses origines, grandement évolué sans toutefois
s'écarter de son premier
principe: décrire une chose ou exprimer une idée.
Les récentes fouilles archéologiques
ont permis de découvrir les premiers signes qui remontent
à la fin du XIVe siècle
av. J.-C. Il s'agit des jiaguwen, caractères
gravés sur des carapaces de
tortue ou des os scapulaires de boeuf et servant aux oracles ou
à la notation
d'événements."
Wang
Hongyuan, Aux sources de
l'écriture chinoise, Sinolingua, Beijing 1994:
"L'écriture
idéosyllabique,
dans laquelle chaque signe représente un mot ou une syllabe,
se trouve en
Orient, dans cette vaste zone dénommée Asie, qui
s'étend de la rive orientale
de la Méditerranée à la côte
ouest de l'Océan Pacifique. L'Égypte et les
civilisations de la mer Égée - tout au moins dans
la période pré-hellénistique
- sont incluses dans l'orbite des cultures asiatiques.
Dans
cet immense espace, sept
systèmes d'écriture idéosyllabiques
originaux se sont développés: le
sumérien
en Mésopotamie de 3100 avant Jésus Christ
à l'an 75 de notre ère, le
proto-élamite
à Élam de - 3000 à -2000, la
proto-écriture de l'Inde dans la vallée de
l'Indus autour de - 2200, les hiéroglyphes en
Égypte de - 3000 à l'an 400,
l'écriture
crétoise en Crète et en Grèce
continentale de - 2000 à - 1200, celle
des Hittites en Anatolie et en Syrie de - 1500 à -700 et
enfin les idéogrammes
chinois de - 1300 jusqu'à l'heure actuelle."
Voir
aussi http://classes.bnf.fr/dossiecr/in-chine.htm
, Petite histoire de l'écriture chinoise.
Statistiquement,
selon
http://www.ethnologue.com/show_country.asp?name=China
, le cantonais (Yue) compterait 52 millions (seulement) de locuteurs en
Chine,
contre 77 millions pour le Wu (un peu plus au nord que Canton, sud-est
de la
province du Jiangsu, la plupart de la province du Zhejiang et
Shanghai), et
163 millions pour les 10 autres langues
répertoriées comme
"chinoises" -
sans compter bien sûr le mandarin, 867
millions, soit 70% de la population continentale.
L'unité
de ces
langues, fort différentes à l'oral, en grammaire
et en syntaxe (il ne s'agit
pas de patois, d'accents ou de simples variations lexicales) c'est bien
sûr l'écriture
idéographique.
Voir
aussi
http://fr.wikipedia.org/wiki/Langue_chinoise
d. La simplification des
caractères
La
simplification des caractères traditionnels,
entamée en Chine continentale
dans les années cinquante, continuait en fait une pratique
japonaise datant de
1946.
Les
dictionnaires bilingues courants couvrent une dizaine de pages pour
reproduire
en tableaux d'impressionnantes listes regroupant en gros 5.000
idéogrammes et
leurs avatars.
Ces
"cinq mille" se sont multipliés à partir
d’une souche trifide
composée de :
350
caractères
ne pouvant être utilisés en composition
pour la formation d'autres caractères.
132
caractères pouvant
se retrouver en composition ET fréquentables
en caractères indépendants.
14
caractères
qui sont
des clefs simplifiées n'existant pas en tant que
caractères de plein
exercice mais servent à former de très nombreux
caractères dérivés.
Voir
simplifier.htm
et
(en anglais) http://www.sungwh.freeserve.co.uk/hanzi/
e. La langue nationale (le
putonghua)
Pûtong huà, général-comprendre-mots, c'est "la langue de monsieur tout le monde", ou "la langue que tout chinois comprend".
Elle
serait "basée
sur le dialecte pékinois" - une hypothèse
contoversée -, et constitue en fait la langue nationale.
Souvent considéré comme synonyme de "mandarin",
qui se dit en fait Hàn
Yû, les caractères sur la couverture de l'Assimil , langue (et non langage) des
Han, le putonghua a des règles de prononciation bien
précises, mais qui ne
sont en fait exactement celles d'aucun ensemble donné de
locuteurs.
D'après
la faq de Zhongwen,
le
mandarin, basé sur le "parler du nord",
correspondrait à la
"lingua franca" des fonctionnaires pendant les dynasties Ming et Qing
basées à Pékin.
Après
le
renversement des Qing en 1912 s'est posée la question de
l'adoption d'une
langue nationale. L'on a même tenté une
hybridation de dialectes, apparemment
sans succès, avant de décider que le mandarin
serait la langue nationale sous
l'appellation Guo Yu.
Le terme
Putonghua aurait été introduit après
1949.
L'article
19 (5)
de la Constitution de la République populaire de Chine
stipule
que "L'état
promeut l'utilisation du putonghua sur tout le territoire national",
mais
il ne s'agit pas d'une reconnaissance formelle de langue officielle, au
sens par exemple de la constitution française. Les langues
et
systèmes d’écriture des
minorités ont obtenu
une reconnaissance
officielle en 1949, et ont alors commencé
d'être enseignés et employés
à l’ école, parallèlement
à la langue
nationale, dans toutes les zones d’implantation des
différents groupes
linguistiques.
f. Les rapports avec d'autres langues asiatiques
L'écriture
chinoise a exercé une forte influence en Asie du sud-est.
Elle demeure très présente
en japonais,
en parallèle ou en superposition avec l'écriture
alphabétique dite "moderne".
Voir
http://kanji.free.fr/
pour
l'utilisation des idéogrammes ("kanji") en japonais.
Au Vietnam, http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/asie/vietnam.htm on utilisait le nôm, système d'écriture élaboré sur la base de l'écriture chinoise. Pour transcrire un mot vietnamien, on utilise un idéogramme chinois dont le sens est proche de ce mot, et un autre idéogramme dont le son se rapproche de celui du mot vietnamien. Le premier texte en nôm que l'on possède date du XIVème siècle, mais l'usage du nôm remonterait au Xème siècle. A partir du XVIIème siècle, le quôc ngu, écriture romanisée, se substitue progressivement au nôm.
Sur le
coréen:
http://www.typographie.org/trajan/hangul/hangul_0.html
"C’est
sous
l'impulsion de la propagande bouddhiste que
l’écriture chinoise fut
introduite en Corée
vers le fin du IVème
siècle. Au VIIIème siècle, son emploi
était déjà très
répandu chez les
lettrés et elle sera utilisée pour transcrire
aussi bien les langues chinoise que coréenne.
Toutefois
l’usage de l’écriture
idéographique chinoise pour transcrire le coréen,
langue agglutinante à flexions, riche en
désinences, n’était pas sans poser
de nombreuses difficultés, car elle ne permettait pas de
noter ces
articulations du langage sans lesquelles la phrase ne peut
être comprise.
En
697, le lettré
Sel Tchong assigna à un certain nombre de signes chinois un
rôle phonétique
tout en en modifiant légèrement la prononciation
pour tenir compte des spécificité
de la langue coréenne. Ainsi le mot hou
qui signifie « porte » en chinois devint le
signe syllabique transcrivant le son ro. Ce système, dit du
complément
syllabique, permettait ainsi de transcrire à
côté de l’idéogramme chinois,
la désinence du mot coréen. Il connut un vif
succès et survécut jusqu’à
l’invasion japonaise en 1894."
Le français a fait relativement peu d'emprunts au chinois. L'on en parle sur emprunts.htm avec quelques surprises - comme kaolin, youyou et l'incontournable mandarine.
Sans grand rapport avec la langue chinoise
(quoique ... Voir plus haut, Wang Hongyuan, sur l'apparition de l'écriture idéographique en Asie),
signaler
sur http://www.unicode.org/charts/index.html
une superbe collection d'alphabets et d'écritures.
Les liens sont en format PDF, donc pas besoin de
télécharger une
police
très étendue.
Selon Zhongwen, le dictionnaire publié au début de la dynastie Qin
(troisième siècle avant Jésus Christ.
http://www-chaos.umd.edu/history/toc.html - en anglais -
pour une (bonne) histoire de Chine basée sur les familles aux pouvoir.
En français, http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Chine )
comprenait
environ 50.000 caractères, dont la plupart
étaient
des variantes d'écritures successives au cours des
siècles. Le dictionnaire
publié peu après par le Han ne contenait plus que
9.353 caractères.
Une
personne
instruite reconnaît environ 6.000 caractères. Lire
la presse sans difficulté
requiert la connaissance de 3 à 4.000
caractères.
Le
seuil d'alphabétisation
est fixé entre 1.500 et 2.000 caractères en Chine
populaire. En France, la Faculté a défini un
seuil
minimum de 400 caractères pour avoir des chances de
succès aux épreuves du baccalauréat
lorsque le
chinois est choisi comme
seconde ou troisième langue vivante. Un autre seuil
significatif
(début d'études
spécialisées)
a été fixé à 900
caractères - voir smic.html
Les logiciels standard comprennent 6.500 caractères en République Populaire, et le double à Taiwan ou Hong Kong. La page
caracliste.htm
recense 21.739 caractères (traditionnels et
simplifiés).
Ramounet
propose
un dictionnaire en ligne contenant 4.000
caractères
(simplifiés).
Le
dictionnaire
chinois-français traditionnel Han Fa Cidian
(Pékin 1990) comporte 5.300 entrées
(soit pas tout à fait autant de caractères; il y
a en effet un certain nombre
d'homographes non homophones - se dessinent pareil mais se prononcent
différemment).
ATTENTION -
De nombreux mots sont composé de deux caractères,
voir point V.1.
Si
vous maîtrisez, par exemple, 1.000 caractères,
vous connaissez en fait,
potentiellement, bien plus de mots.
Dans
son ouvrage déjà
cité ("Aux sources de l'écriture chinoise"), Wang
Hongyuan, reliant
comme il se doit culture et écriture, décrit
l'origine des caractères au
travers de 7 grands chapitres:
l'homme
(le
corps humain: la tête; les mains et les pieds; de la
naissance à la mort),
la
nature
(la terre-mère; la flore; la faune),
la
chasse et l'agriculture
(la chasse;
l'agriculture; la domestication des animaux),
l'artisanat
(le tissage de la soie; l'architecture; les arts du feu;
la menuiserie et le travail de la laque; la fabrication du
vin),
la
vie quotidienne
(la domestication
du feu; l'alimentation; vêtements et parures; l'habitation;
les relations
interpersonnelles),
la
guerre
(armes et troupes; guerres nationales; malheur au
vaincu),
la
religion
(l'art néolithique; divination et sacrifices; la
naissance de la civilisation).
Une
approche
simplifiée peut être trouvée en
français sur http://classes.bnf.fr/dossiecr/in-chine.htm
Wikipedia
( http://fr.wikipedia.org/wiki/Sinogramme
)
aborde le sujet de manière très claire et
extrêmement pragmatique - le site est lisible sans
avoir importé les outils de lecture de
caractères:
ceux-ci sont présentés sous forme de fichiers
image.
La
page frequence.zip
donne la fréquence d'utilisation des caractères
dans la langue moderne.
c.
Comment les
caractères sont-ils composés ?
Indépendant
de son origine et
de sa complexité, tout caractère est
relié à une clef (également
nommée
"radical").
La
clef détermine la famille
à laquelle se rattache le caractère (terre, eau,
feu, bois, métal, glace,
pain, homme, femme, cheval, chien, oiseau, poisson, porc, dragon,
tortue,
sagesse, arme, chariot, toit, enceinte, parole, coeur, tête,
main, pied, dent,
soleil, lune, habit, divination, écriture ...)
Les
dictionnaires contemporains
(Chine populaire) recensent 226 clefs et onze caractères
dont la simplification
ne permet pas de les rattacher à une clef (y compris le
chiffre O qui n'est pas
écrit 0 mais s'arrondit en romanisation).
C'est
également l'approche
retenue par
Michel
Parent.
Zhongwen
n'utilise
"que" 214 clefs, tout comme UNICODE. Ces deux outils se basent sur le
chinois traditionnel. La simplification a conduit à une
légère augmentation
du nombre de clefs pour faciliter la recherche (certaines clefs ne
s'écrivent
en effet pas de la même façon lorsqu'elles sont en
composition, ou selon leur
position dans le caractère qu'elles servent à
composer).
Les clefs sont classées dans des tableaux par nombre croissant de traits. Les dictionnaires publiés en République Populaire sont plus « flexibles » que ceux édités à Taiwan (caractères traditionnels) en ce qui concerne les clefs (ils font figurer séparément et la clef « caractère de plein exercice » et son équivalent en composition lorsqu’ils sont différents d’aspect
– voir clavitab.htm ) comme pour ce qui est de l’identification des caractères à partir du tableau des clefs. Sans doute pour faciliter la recherche, il peut ainsi arriver que certains caractères figurent sous deux entrées ou clefs différentes.
Une
fois la clef identifiée, ce
qui n'est pas toujours évident, un autre tableau permet de
repérer le caractère
recherché, à partir du nombre de traits
additionnels. En regard
du caractère figure un nombre, qui est celui de la page du
dictionnaire où il
figure.
La
partie qui ne forme pas la
clef du caractère précise le sens, ou donne des
indications sur la
prononciation (par référence à un
autre caractère de même facture).
http://zhongwen.com permet,
en cliquant sur les caractères traditionnels, de mieux
comprendre leur étymologie (en anglais).
clefs.htm fournit d'autres liens pour mieux comprendre les clefs, donc l'origine des caractères.
POUR UN TABLEAU COMPLET AVEC CLEFS Y COMPRIS EN COMPOSITION ET SIMPLIFIÉES,
PRONONCIATION ET SENS PREMIER EN FRANÇAIS :
d. La transcription des noms
propres
Les
noms de famille, prénom ou noms de lieux
étrangers sont reproduits en
chinois sous forme de caractères
sélectionnés soit à partir de la
prononciation (approximative), soit à partir du
sens (plus rarement),
soit par association d'idée.
Le
dictionnaire Français - Chinois (Shanghai, 1978) contient
une annexe des noms
de famille et prénoms français les plus courants
(3000 entrées) et une annexe
des noms de lieux (2000 entrées) avec leur transcription en
caractères.
http://www.lechinois.com/prenom.html
vous permet la traduction en ligne de votre
prénom (résultat sous forme de fichier image). Un
exemple sur
Aurelie.htm
(réponse à une demande formulée sur
fllc.
Vous y serez toujours bien accueilli(e)s).
Une
fantaisie de bon aloi est possible pour la traduction des noms de
famille et prénoms
en chinois.
De
toutes façons, le résultat sera approximatif,
donc autant préférer l'esthétique
et le parlant au calque phonétique parfois trop besogneux.
Il
faut savoir que le nom complet des chinois (nom et prénom)
ne comportent
pratiquement jamais
plus de trois syllabes, ou caractères (Mao Zedong, Deng
Xiaoping, Mao Dun, Lao
Zi ...).
Or,
les différences phonologiques entre le chinois et le
français (beaucoup de
syllabes ne sont pas communes au deux langues - voir
plus bas, V.3.a,
Phonétique et phonologie)
et
la fréquence des combinaisons prénom-nom de 4, 5,
6 voire 7 syllabes ou plus
nuisent beaucoup à la concision requise pour "faire aussi
vrai que faux
peut l'être".
Un
exemple tiré de fllc: Un
participant, dénommé Pascal, voulait
connaître la transcription de son prénom
en chinois. L'orthodoxie répond Pàsikâ'êr,
ce qui est trop long, ne
veut rien dire, et commence par un caractère
désagréable (craindre, avoir
peur, redouter). L'auteur de cette faqfllc a donc
suggéré Wu Baikuai, littéralement
"cinq cents unités monétaires", qui a l'air
d'autant plus chinois
que Wu est un authentique nom de famille ...
La
langue chinoise de référence nationale (voir plus
haut, Putonghua, point II.1.e),
le parler de Pékin, comporte (shengyun.htm , unique sur Internet)
389 phonèmes, correspondant à la
combinaison de 21 "consonnes" initiales (sheng mu) avec 38 voyelles
(yun
mu) ou diphtongues, qui peuvent être nasalisées.
Le nombre théorique de
possibilités est en fait beaucoup plus important, puisqu'il
s'établit à 38
fois 22 (les voyelles peuvent exister sans consonne initiale), soit
836.
Le
tableau des phonèmes comprend donc nombre de cases vides,
car tout ne se
prononce pas: nul do, to, no, lo en
chinois langue nationale, non plus que de bia, pia, mia, fia.
Les
21
consonnes sont:
b, p, m, f, d, t, n, l, z, c, s, zh, ch. sh, r, j, q, x, g, k, h
Les 38 finales:
a, o, e, ê, -i, er, ai, ei, ao, ou, an, en, ang, eng, ong, i, ia, iao, ie, iu, ian, in, iang, ing, iong, u, ua, uo,uai, ui, uan, un, uang, ueng, ü, üe, üan, ün.
Le
chinois est une des rares langues (avec le français)
à connaître le son ü
(comme dans "huile"). Il n'accepte pas la succession de deux consonnes
sans voyelle intermédiaire: pas de gr, bl ou
fr. Une voyelle,
sauf nasalisation finale -n ou -ng, ne peut être
suivie d'une consonne dans une syllabe: pas plus de ot’ que de
al’
ou de
ir’.
La
phonologie chinoise (voir phonetique.htm) dit en fait que chaque syllabe est
systématiquement
composée de trois éléments, initial,
médian, final.
L'initiale
est une consonne ou "rien", la médiane une voyelle, la
finale n, -ng,
ou "rien" phonetique/phon8.htm .
Il
est rappelé que (tiré de fllc)
"La phonologie, c'est comme qu'on cause. La phonétique,
c'est comme qu'on
peut causer".
http://www.linguistes.com/phonetique/phon.html
Phonétique: Étude des sons de la parole
appelés phones
Phonologie:
Étude des sons à valeur
linguistique,
phonèmes en relation avec un signifié. Les traits
phoniques sont appréhendés
par rapport à leur valeur distinctive.
NB1.
Les considérations qui précèdent
valent
seulement, rappelons-le, pour le pékinois, base de la langue
nationale
chinoise. Les autres langues parlées en Chine auront
évidemment recours à
d'autres combinaisons phoniques. Le cantonais, par exemple, admet
certaines
syllabes avec voyelle initiale et consonne en finale autre que -n ou
-ng, tout
comme il connaît de syllabes commençant par un
consonne ng absente du pékinois.
http://www.chinalanguage.com/CCDICT/index.html fournit de nombreuses indications sur la
prononciation dans différentes langues parlées en
Chine.
NB2. A voir absolument, à partir de phonetique.htm
une étude passionnante de Siva Nataraja sur la phonétique et la phonologie historique du chinois. La page utilise des notations assez complexes tirées de l'API (alphabet phonétique international). Il est donc recommandé de se munir d'une police de caractères adéquate (comme Arial Unicode MS ou Office 2000).
Voir également une étude très minutieuse de Siva sur les syllabes du chinois mandarin,
http://sivanataraja.free.fr/phone/non-ie/chinois/index.htm
Le
chinois fait
partie des langues dites "tonales", c'est-à-dire des langues
qui se
caractérisent par une prononciation, une
accentuation, différentes de la
même syllabe, suggérant un sens
différent.
En
chinois les
quatre tons
sont, successivement, linéaire, montant, bi-tonique
(descendant puis montant) et enfin descendant. Il existe un
cinquième ton,
dit neutre, qui correspond à une syllabe brève
pour laquelle le
"sens" de la voix n'a pas d'importance.
Il
ne faut pas
confondre les tons mélodiques chinois avec les tons dits
"à
registre" où ce qui importe c'est la hauteur de la voix
(grave - aigu). Ce
qui est discriminant en chinois, c'est la différence entre
le point de départ
et le point d'arrivée.
Dylan
W.H. Sung ,
sur la
base d'une échelle de 1 à 5 (du plus grave au
plus aigu) note ainsi les quatre
tons du chinois: 55 pour le linéaire, 35 pour le montant,
213 pour le "bitonique"
et 51 pour le descendant.
C'est
bien sûr
l'alternance des tons qui donne au chinois ses sonorités
chantantes. Les 900
caractères retenus par l'Association
française des Professeurs de chinois pour tester
le niveau de connaissances
des sinisants impétrants se répartissent entre 22
% pour le premier ton, 21 %
pour le deuxième, 20% pour le troisième, 36% pour
le quatrième et 1% pour le
ton neutre.
Cette
répartition
ne se vérifie cependant pas dans la langue
réelle, puisque certains caractères
sont plus fréquents que d'autres, et que certains tons
"changent" au
contact des autres (par exemple, quand deux caractères au
troisième ton se
suivent, le premier se prononce au deuxième ton).
Pour
les 26 premières
leçons du Manuel de chinois fondamental, la
répartition des caractères est
ainsi de 18.3 % au premier ton, autant au second, 20.7 % au
troisième et 28.3 %
au quatrième. Le reste (14.4%) est donc
"neutralisé" dans les phrase
de la vraie vie. Cela tient au fait que les (rares)
caractères au ton neutre
sont extrêmement usités - ils jouent un
rôle grammatical très important.
Les
tons ne sont
pas notés dans les caractères. Parmi les autres
langues tonales
(elles
sont
nombreuses, plus du quart paraît-il des langues du monde
-
voir
tons.htm
)
le
thaï est une
des rares à faire figurer les tons dans
l'écriture - qui est il est vrai
alphabétique.
En
transcription
alphabétique, les tons peuvent être
indiqués de différentes manières, soit
par leur "numéro" - 1, 2, 3, 4 et 0 pour le neutre - soit
par l'ajout
d'un diacritique sur la voyelle concernée (trait adscrit ou
rien pour le
premier ton, accent aigu pour le second, accent circonflexe ou (mieux)
haček
\/ pour le troisième, accent grave pour le
quatrième.
Certains
des
symboles correspondants ne sont pas accessibles directement
à partir d'un
clavier AZERTY (ou QWERTY) standard. La liste ci-après, due
à Laurent Neyret,
fournit les codes requis pour obtenir ces signes par ASCII
- presser
Alt et sans relâcher taper les 3 chiffres sur les touches
à droite du
clavier, Num Lock allumé.
Alt +
160 á ; 161 í ; 162 ó ; 163 ú ; 133 à ; 141 ì ; 149 ò ; 151 ù;
Ci-dessous
les
symboles ne correspondant pas à des codes ASCII courants:
ă ,
ā , ĕ , ē , ĭ , ī ,
ŏ , ō , ŭ , ū
UNICODE
décimal (voir unicode.htm
) :
ă ā ĕ ē ĭ ī ŏ ō ŭ ū
Plus raffiné encore, variations autour de ü:
ǖ ǘ ǚ ǜ
L'importance
des tons grandit évidemment avec celle des homonymes, qui
sont particulièrement
nombreux en chinois. Il y a cependant des divergences entre
étudiants ou
anciens étudiants de langue française: certains
estiment indispensable
d'apprendre en même temps pinyin et ton, d'autres (dont
l'auteur de cette faqfllc)
pensent que les tons viennent avec la pratique, et qu'il ne sert
à rien de se
martyriser, surtout si l'on n'a pas l'oreille musicale ...
NB1 - TOUTES LES LANGUES TONALES ASIATIQUES N'ONT PAS QUATRE TONS.
Le vietnamien en a 5 (six avec le neutre), le cantonais 9 (réductibles à six), le thaï six.
NB2 – La notation des tons par
diacritiques (accents) n’est pas la
seule pratiquée. On trouve également couramment
les tons indiqués par la
transcription de la voyelle en pinyin suivie du numéro
d’ordre. C’est une
question d’école, ou de pratique – mais
l’un ou l’autre s’écrit ou
s’écrivent.
c.
La transcription
alphabétique
Le
pinyin est la forme officielle de translittération pour la
Chine continentale.
De nombreuses autres l'ont précédé,
toutes fondées sur des appréhensions
étrangères de la langue parlée.
Certains font référence à plus de 35
"techniques" historiquement recensées - voir http://www.sinistra.net/els/sup/transcript.html
.
"Wade-Giles" est l'une des plus connues, encore pratiquée semble-t-il. Elle figure dans les dictionnaires continentaux de bon faiseur, en compagnie parfois de la correspondance avec l'alphabet phonétique international pour les pinyinisants en proie au doute.
Le
système ÉFEO (Ecole française
d’Extrême Orient) a également connu son
heure de gloire.
A
Taiwan, on continue d'employer une transcription fondée sur
un alphabet
particulier, dit Zhuyin fuhao ou BoPoMoFo, inventé en 1913
par la toute
nouvelle République de Chine. L'alphabet BoPoMoFo ressemble
un peu (beaucoup ?)
à celui utilisé en japonais pour les "katakana".
Voir
traits.htm
et http://fr.wikipedia.org/wiki/Zhuyin
Pour plus de références
sur les systèmes de transcription (on ne parle pas, pour le
chinois, de
« translittération »
qui décrit le passage d’un alphabet à
un
autre) voir transcription.htm.
d.
Langue orale, langue
écrite
Comme
déjà mentionné, l'écriture
chinoise en caractères n'a que peu de rapport
avec la prononciation. Même lorsqu'une partie du
caractère indique la phonie
probable, elle ne marque pas le ton. Par ailleurs, les homophones sont
si
nombreux (moins de 400 phonèmes) que, même en y
mettant le ton, une écriture
purement alphabétique est très difficile
à envisager. Les linguistes de la
Chine du début des années 1950, inventeurs du
pinyin, s'y sont cassé le
pinceau.
La
langue parlée ne dispose évidemment pas du visuel
des caractères pour éviter
les confusions orales. Le sens des mots se comprend donc
essentiellement parce
que les phrases les mettent en situation, et que les locuteurs ne
reculent pas
devant la redondance pour être sûrs de se faire
bien comprendre.
Au
téléphone par
exemple, pour faire passer un mot rare (un prénom peu
porté, une transcription
de mot étranger, un caractère peu
fréquent ...), et comme le fameux A
comme Adèle, Z comme Zébulon n'aiderait
guère, l'on entendra souvent
"décrire" un caractère par
référence à un autre
caractère plus
connu comme composante d'une paire.
Admettons
par exemple que l'on veuille parler du pays d'Oc, encore peu
fréquenté par les
Chinois. "Oc" se dit officiellement Aoke, mais il y a beaucoup de
façon
d'écrire Ao, et Ke. L'on dira donc par exemple "Ao comme
dans Aomen
(Macao) mais sans la clef de l'eau; ke comme dans Kegebo - KGB, c'est
connu".
Cela
marche, mais pas très rapide ...