III
-
Comment faire pour lire, écrire, compter,
être
muet
en chinois ?
Côté technique, quelques outils de base - transcription, traduction automatique, conversion traditionnels/simplifiés ... outils.htm
Les
tableaux
figurant sur le site de Michel Parent
http://www.lechinois.com/radicaux/214radicaux.html
fournissent (format image)
les
214 clefs traditionnelles,
les variantes en composition, et les clefs simplifiées. Le
classement
s’effectue par nombre de traits dans la clef.
Quelques
informations
ont déjà été
fournies ci-dessus (point
II.2.c )sur le rôle
fondamental
des clefs (ou radicaux) dans la langue chinoise.
Pour
faire,
si
nécessaire, mieux comprendre de quoi il s’agit, se
référer à
la langue arabe (que ceux qui n’ont
jamais compulsé le Mounjid de poche pardonnent
l’auteur de cette faqfllc). Dans
les dictionnaires arabes, les entrées se font à
partir de la racine des mots,
c’est-à-dire des trois consonnes fondamentales.
C’est comme si, à supposer
que « amour » soit
réduit à trois unités fondamentales
AMR,
aimer, enamourer, amical, inimitié, aimable, amant
… se trouvaient sous la même
entrée, alors qu’amande figurerait ailleurs et
amaryllis autre part.
Les
clefs,
c’est
un peu la racine, l’origine du mot chinois,
son appartenance, sa
classe, sa marque de fabrique.
Des
clefs,
il y
en a donc 214 (traditionnelles)
ou
226 (continentales). En version abrégée
(regroupement de clefs au demeurant
fort proches) on peut se contenter de 191 (cas des dictionnaires de
poche).
En
chinois,
on
appelle les clefs bushou, ou « chefs de
section ». Le terme kangxi,
que l’on rencontre parfois, fait
référence à l’empereur du
XVIIème siècle
censé avoir inventé le système
basé sur le classement par clef.
NB.
Les clefs sont habituellement
classées par ordre du
nombre de traits, de 1 à 17.
Si
vous
utilisez http://www.zhongwen.com
pour
rechercher des caractères à partir de la clef,
souvenez-vous qu’il s’agit
de clefs non simplifiées classées par ordre de
traits « traditionnels »,
ne correspondant donc pas à celui des dictionnaires de Chine
populaire.
Le
fait
qu’un caractère soit simplifié ne
signifie pas qu’il ait peu de
traits. Un caractère simplifié peut afficher une
vingtaine de traits, et un
traditionnel se contenter d’un sobre deux ou trois
…
La
plupart
des caractères, heureusement, sont à la
fois en usage à Taiwan et sur
le continent. Il ne s’agit pas de deux écritures
différentes, mais de réformes
orthographiques différentes. A Taiwan aussi –
comme au Japon – l’on a
simplifié des caractères. Mais la
réforme a été moins radicale que celle
conduite depuis Pékin.
Il
existe
cependant un nombre relativement restreint de règles
permettant de voir
de suite si un caractère rencontré a des chances
d’être
« traditionnel »
au sens « non
simplifié ».
Ces
règles,
comme déjà
mentionnées, sont sommairement
énoncées sur
Pratiquer
les
simplifiés ne veut pas dire ignorer les traditionnels,
et lycée de
Versailles. Les Chinois un tant soit peu instruits maîtrisent
d’ailleurs les
deux jeux.
Attention
cependant
à ne pas mélanger
sauf à rechercher un effet spécial, comme en
français on alternerait gothique
et pleins et déliés.
Un
caractère,
tout caractère, s’inscrit
dans un carré virtuel de taille
identique tout au long d’une page, qu’il lui faut
occuper au mieux (c’est-à-dire
de manière centrée), que ce caractère
soit très simple ou très complexe. En
d’autres termes, un caractère d’un trait
occupe autant d’espace qu’un
de trente sur une même page d’écriture.
Lorsque,
pour
des raisons d’économie, l’on veut
tracer autant de caractères que
possible sur une même page, cela rend la lecture parfois
très fatigante. Le
sinophile averti aura donc toujours une loupe à
portée de main.
Les
cahiers
pour l’apprentissage de
l’écriture sont quadrillés de
manière
idoine, et il n’est pas toujours facile de bien situer le
caractère dans le
fameux carré – ou sur papier blanc de respecter la
règle de taille unique
des caractères.
Les
caractères
comportent différentes parties, nous
l’avons vu. Certains sont
symétriques, d’autres non.
Ils
peuvent se décomposer souvent en droite, gauche, haut et bas
comme les médiatrices
des côtés du carré virtuel. Les
diagonales ne sont en principe pas utiles
pour bien situer un caractère dans son espace quadrangulaire.
Plusieurs
méthodes
de recherche des caractères sont
fondées sur cette occupation
spatiale. On peut citer notamment la méthode dite des
« quatre coins »,
où chaque type d’occupation d’une des
quatre subdivisions du carré virtuel
se voit assigner un code, la conjonction de ces codes renvoie
à un tableau, le
caractère identifié est accompagné du
numéro de la page où il se trouve.
La
méthode
SKIP, qui en dérive, est
décrite sur skip.htm
(tiré de http://kanji.free.fr
). Voir
également
ci-après, point III.2.d,
méthodes
de saisie sur ordinateur.
Comme
déjà
mentionné (point II.3),
la
graphie d’un caractère est loin de toujours donner
des indications précises
sur sa prononciation, ce qui complique évidemment la
recherche dans des
dictionnaires dont le corpus est organisé sur la base
d’un classement phonétique
pinyin.
Il
existe heureusement des cas
où une
partie substantielle du caractère (outre la clef) correspond
en principe à la
prononciation. En principe, car le ton n’y figure pas, et que
des variantes
par rapport à
l’ « original »
(le caractère utilisé pour
la composition) sont toujours possibles.
Un exemple tiré de « ma », cheval,
permet
de comprendre pourquoi
injurier, maman et point d’interrogation se
prononcent pareil, au ton près, ce que l’on peut
deviner d’emblée à la
simple vue du sinogramme – pourvu bien sûr que
l’on connaisse
« cheval »
et sache le prononcer …
a.
De
gauche
à droite, de haut en
bas
C’est
la méthode
moderne, du moins en Chine
populaire.
Il
n’en a pas toujours
été ainsi,
et il y a encore des exceptions. Certains textes (journaux par
exemple
à
Taiwan) peuvent encore s’écrire en colonnes, de
haut en bas et de droite à
gauche. C’est également le cas pour les textes
anciens et certaines formes de
poésie.
Un
Oulipo
chinois consiste
d’ailleurs à
composer des textes
qui font sens des deux manières de lecture – et
bien sûr des
sens différents.
Certains
logiciels
d’écriture
donnent la possibilité d’écrire
verticalement (« Asian
layout »).
b.
Le
nombre et l’ordre des
traits
Les
traits sont
l’élément constitutif de
l’écriture chinoise, pinceau, stylo bille ou
tracé sur la paume de la main.
Leur ordre, leur direction, sont tout aussi importants que leur
forme.
On
compte 20 traits
(« bi hua »)
dans l’écriture chinoise, et non pas onze comme
trop souvent prétendu.
Si
l’on veut provoquer un
petit peu, aller
jusqu’à prétendre que les traits
constituent de véritables lettres – en
tant qu’éléments atomiques donc
insécables de la langue chinoise écrite.
Pour
plus
ample informé pilepoil.htm
Wáng Xi Zhi, surnommé le « calligraphe-sage »,
"Stratégie
calligraphique de la
dame Wèi", IVème siècle
de notre ère :
> « La feuille de papier est le champ de
bataille ; le pinceau : les lances
> et les épées ;
l'encre : l'esprit, le commandant en chef ;
l'habileté,
> l'adresse : les lieutenants ; la
composition : la stratégie.
Un
site
pour faire semblant : http://www.chine-informations.com/mods/outils/calligraphiechinoise/
Un
site
officiel (Taiwan) : http://www.gio.gov.tw/info/nation/fr/culture/05.html
Un
site
pratique : http://escaleenchine.free.fr/calligraphie/calligraphie.htm
Ceci
étant, Google fournit
95700 réponses à la
question « calligraphie
chinoise » sur l’espace Web francophone ...
De
quoi
explorer !
Le
chouchou de fllc, c’est
le site
de Yves Harrand,
http://perso.orange.fr/yves.harrand/mon_site_Web_chinoiseries.htm ,
un
septuagénaire
regorgeant de dynamisme qui définit ainsi la
calligraphie :
« La calligraphie chinoise est non seulement un art graphique, mais une sémantique .Au premier niveau, un idéogramme est en général constitué d'un signe de type sémantique, dit clé, comme : homme, eau, marche, etc., et d'une partie phonétique. Mais au second niveau, cette partie dite phonétique apporte elle-même des éléments sémantiques, pris dans un corpus assez réduit (environ quelques centaines). »
d.
Les
méthodes de saisie sur ordinateur
Pour
voir
à quoi ressemble (ou ressemblait) un clavier chinois
(d’ordinateur ou de
machine à écrire) clavier.htm.
Ce qui suit traite de la manière
d’ "entrer" des caractères
chinois à partir de claviers occidentaux (AZERTY ou QWERTY).
Pour les systèmes « classiques » de type Windows, le plus simple est d’avoir recours à la technologie désormais classique connue comme « Global IME », où IME signifie Input Method Editor.
La page de référence sur Microsoft est
On a le choix, pour le chinois, entre simplifié et traditionnel. D’autres possibilités sont offertes concernant le japonais et le coréen. Le téléchargement est rapide, et l’installation aisée.
IME.htm , repris d’une page de Georges Ko, fournit nombre d’indications détaillées sur l’utilisation de Global IME pour le chinois simplifié (pinyin).
Pour
les
caractères
traditionnels, deux logiciels sont
téléchargés par IME : le
Bo Po Mo Fo et le Ciangjie. Tous deux sont décrits par des
liens à partir
de IME.htm
.
Le
Bo Po Mo Fo (ou
zhuyin fuhao) est une méthode
alphabétique, basée sur un alphabet comprenant 40
signes.
Voir traits.htm#transcription
en français et un site de référence en
français, http://fr.wikipedia.org/wiki/Zhuyin
. Relativement facile à maîtriser, produit des
caractères traditionnels dès
lors que l’on connaît la prononciation et le ton
– et que l’on a de bons
yeux.
Le
Cangjie est une
méthode d’entrée des
caractères
à partir de leur reconnaissance non pas
phonétique, mais graphique. La méthode
est relativement complexe, d’origine récente et
décrite avec les détails
possibles sur cangjie.htm.
Cang
Jie - Chong Kit, c'est le scribe
(légendaire)
qui
aurait systématisé l'écriture
chinoise "inventée"
par l'empereur (lui même légendaire) Fu Xi il y a
très très longtemps
(environ 5000 ans).
Le
« propriétaire »
du
Cangjie vivait à
Taiwan, désormais à Macao et s’appelle Chu
Banfu. Il a mis au point sa
méthode à la fin des années 70, et a ensuite travaillé a vec succès
à la mise au point d’un
ordinateur de poche en chinois (Chinese e-book).
http://en.wikipedia.org/wiki/Cangjie_method fournit
les éléments nécessaires pour
comprendre de quoi il retourne, et
passer ensuite à l’expérimentation. En
gros, il s’agit de
« repérer »
dans les endroits stratégiques des caractères des
formes convenues (traits de
base ou caractères très simples) auxquelles est
assigné un code sous forme
d’une lettre, et d’appeler le caractère
désiré sous forme d’un code
alphabétique agrégé de 5 composantes
au maximum.
Encore
faut-il
avoir le caractère sous les yeux …
Résultat
en traditionnel seulement, mais il existe une méthode (non
gratuite sauf pour
Windows 2000) pour le chinois simplifié. Comprend 5400
caractères
traditionnels et 7000 simplifiés.
http://www.chinesecomputing.com/ procède également à une recension assez large, avec entrées au clavier, reconnaissance vocale, OCR, manuscrit. Le site est en anglais seulement, et les liens fonctionnent de temps à autre.
e. Passer automatiquement des caractères simplifiés aux traditionnels (et vice versa)
Les deux ont des codes différents, un peu comme a et A, sauf qu'il n'y a pas de correspondance simple entre le code d'un caractère simplifié et celui d'un traditionnel qui permettrait de passer aisément de l'un à l'autre, du fait que, en réalité, la majorité des caractères sont les mêmes en Chine continentale et à Taiwan.
C'est pour cela que des outils spéciaux ont été mis au point. Vous pouvez utiliser l'encodeur sans risque: ce n'est pas un traducteur automatique plus ou moins fiable, mais bien un outil qui transforme le code d'un caractère en un autre signifiant exactement la même chose.
Google fournit 16.800 résultats pour une recherche "chinese converter" !
Un qui marche, c'est http://www.chine-nouvelle.com/outils/convertisseurs.html
(http://www.chine-nouvelle.com/ est très rapidement devenu un des "incontournables" de la franco-sinophonie sur Internet).
Le système est très rapide, et vous indique les changements opérés. Les deux textes (simplifié et traditionnel) sont présentés en colonnes. L'ennui, c'est qu'il faut se réinscrire à chaque fois - ou payer.
L'un des principaux avantages de cette référence, c'est que vous pouvez copier directement votre texte, sans passer par la référence d'un fichier sur votre disque dur, ce que les rares autres "convertisseurs" accessibles par Google requièrent.
Les
logiciels de type courant fournissent
en général un choix de
polices (« fonts »)
de caractères chinois, type Mincho, Hei, Song ou MingLiu.
Une recherche par
Google (« chinese fonts »)
fournit des centaines d’options. http://www.chinesecomputing.com/
regroupe différents choix sur une seule page.
Une curiosité à signaler, l'écriture dite "nushu", sorte de cryptographie inventée il y a des siècles par des femmes du Hunan pour pouvoir communiquer entre elles à l'insu de leur mari. En usage jusqu'à ce que la révolution de 1949 rende ces pratiques apparemment inutiles.
Référence COURRIER DE L'UNESCO janvier-mars 2018
Autre variation intéressante sur l’écriture chinoise : le tangoute, ou Xixia (Xia de l’ouest). Voir xixia.htm.
NB.
Ne pas oublier que par http://www.tigernt.com/tools/Chinese/index.shtml
vous pouvez transformer un texte
chinois en une image et
communiquer ainsi « vos »
caractères à ceux qui n’ont pas encore
pensé à, ne souhaitent pas ou ne peuvent pas
configurer leur ordinateur aux paramètres
requis pour vous lire.
Même si les chiffres dits arabes ont de plus en plus droit de cité en Chine, la numérotation traditionnelle est toujours extrêmement vivace. Les chinois utilisent neuf chiffres et un zéro écrits sous forme de caractères. Zéro est particulièrement spectaculaire
(voir http://lost-theory.org/ocrat/chargif/char/c1e3.html ).
Le
chinois
utilise également un caractère
spécifique pour dire un demi, un autre
pour deux, et deux seulement, plus un autre pour exprimer la notion
de
paire.
Dix
est
un caractère spécifique, ainsi que cent,
mille, dix mille (ça se
complique), cent millions (10.000 fois dix mille). En d’autre
termes, cent
mille se dit dix fois dix mille, et un million cent fois dix mille.
1.200.000.000
de
Chinois, c’est douze (dix plus deux) fois cent millions
…
Le
svastika
lévogyre
représente la notion de myriade.
Quant
aux
subdivisions, elles sont marquées en
dixièmes, fen, centièmes, li, ou
millièmes, hao, sauf pour les unités
monétaires où le yuan se divise en dix
jiao de dix fen chaque. Pour les heures (xiao shi, petit temps) et
les
angles,
la minute est aussi fen, et la seconde miao.
Tout cela est détaillé en français sur nombres.htm#compter
et en anglais avec UNICODE sur http://www.sungwh.freeserve.co.uk/uni/numbers.htm
.
A noter l’existence en plus des nombres classiques, relativement simples à tracer, de chiffres dits officiels pour les billets de banque et la facturation, un peu plus compliqués à traficoter.
Nombres
en
chiffres et
lettres
s’écrivant pareils, 1
étant un trait horizontal, deux 2 traits et trois 3
traits (quatre c’est un
carré avec deux parenthèses dans les
angles) on voit comme il serait aisé
donc tentant de tripler la note en l'absence de numérotation
spéciale à fins
comptables.
Autres
sortes
de chiffres, ceux utilisés par les marchands pour
marquer les prix sur
leur ardoise.
Ces
chiffres
s’appellent
« hangzhou » du nom de la ville
où
probablement ils furent créés.
Les
voir
(
commentaire en anglais) http://en.wikipedia.org/wiki/Chinese_numerals
La
page
signes.htm
fournit non seulement la façon de compter sur ses doigts en
Chine (qui est différente
de la nôtre : les cornes c’est six, le V
de la
Victoire c’est deux, le
pistolet, pouce et index pointés, c'est huit …)
mais
également l’alphabet des sourds et malentendants.
b.
Tracer
dans la paume de la main
Les
accents
de la
langue parlée sont
très nombreux en Chine, et la communication orale pas
toujours des plus aisées.
Vous
verrez
ainsi
parfois des gens fort bien mis de leur personne tracer dans la paume
de
leur
main des signes apparemment cabalistiques à
l’intention de leur voisin ou
vis-à-vis.
Ce
qu’ils
tracent,
avec une remarquable dextérité, ce sont
les traits du caractère
qu’ils souhaitent exprimer.
Fascinant
…
et
fort difficile à imiter.